Jean-Philippe Cépède, directeur juridique de l’observatoire du Centre pour le développement de l’information sur la formation permanente, estime que le droit individuel à la formation (DIF) stimulera les formations courtes.01Informatique : La formation professionnelle des salariés valorisera-t-elle de plus en plus les stages de courte durée ?
Jean-Philippe Cépède : C’est déjà le cas ! Aujourd’hui, environ 7 millions de salariés se forment chaque année en France, en majorité dans le cadre de modules de plus en plus courts. Il suffit
d’étudier les plans de formation mis en place dans les entreprises : les cycles sont plus proches de 30 heures que de 800 ! La question n’est plus de savoir s’il faut développer ces formations courtes, mais plutôt
de quelle façon les inscrire dans de vrais parcours qualifiants, qui aident les salariés à être plus performants dans l’entreprise et plus recherchés sur le marché du travail.Le stage est-il bien pris en compte par le salarié, dans son plan de carrière ?
Pas assez. Les stagiaires gardent trop souvent une vision à court terme, sans chercher à insérer leurs formations dans un plan de carrière. A tort. Demain, l’élément clé de la compétitivité sera la compétence, autant que le diplôme.
Il deviendra essentiel de valoriser les stages effectués au fil de sa carrière et de bien les choisir, pour qu’ils collent avec son profil et son projet professionnel. Les salariés devront penser la formation continue comme un investissement
dont ils sont les maîtres d’?”uvre.De quels moyens dispose le salarié pour valoriser sa formation ?
Ils sont nombreux : entretien professionnel tous les deux ans axé sur la formation, passeport formation, expertises du Fonds de gestion du congé individuel de formation (Fongecif) pour élaborer des plans individuels de
formation… Tous ces dispositifs aident à penser sa formation sur le long terme. Pour l’heure, ils restent sous-exploités, sans doute par manque d’information. Les choses devraient changer avec le droit individuel à la formation
(DIF), instauré en 2004 par la loi relative à la formation tout au long de la vie.En quoi le DIF modifie-t-il la donne ?
Ce n’est plus un dispositif optionnel, mais obligatoire. Chaque salarié dispose désormais d’au moins vingt heures de formation par an. Il a en main son projet et peut s’interroger chaque année sur ce qu’il veut
faire de ces heures. Un dialogue va s’instaurer entre le travailleur et sa hiérarchie. C’est un changement majeur pour le salarié, mais aussi pour l’entreprise.
Jusqu’ici, les services de gestion des ressources humaines avaient tendance à ne voir la formation professionnelle que de manière collective ?” les demandes de congés individuels de formation (CIF) étant souvent perçues
comme des démissions à terme. Le DIF va contribuer à faire de la formation un instrument de fidélisation plutôt qu’un risque de démission. Il s’agit de construire des projets de formation qui répondent à la fois aux priorités de
l’entreprise et aux besoins des salariés.Un important changement est-il à prévoir pour les organismes qui délivrent ces formations ?
Bien sûr ! Jusqu’à présent, ils se contentaient de donner leurs catalogues de stages aux entreprises, qui définissaient leurs choix selon des critères de budget ou de durée. Les motivations des stagiaires étaient plus supposées
que réellement vérifiées et exprimées. Avec le DIF, le stage court pourrait constituer l’étape d’un projet professionnel à long terme. L’établissement devra apprendre à mieux cerner les motivations de ses stagiaires
?” par lettres ou en entretiens préalables. Cela exigera plus de travail en amont, mais il en résultera un vrai accompagnement pour établir au fil des années un parcours de formation cohérent.Le but est-il, à terme, d’ouvrir ces formations courtes à des diplômes ou certifications ?
La multiplication de salariés empilant les stages courts peut aboutir à des demandes de reconnaissance officielle. Mais nous n’en sommes pas là. Aujourd’hui, les stages peuvent être pris en compte dans une procédure de
validation des acquis et de l’expérience (VAE), en vue de l’obtention de diplômes ou de certifications. La balle est dans le camp des certificateurs qui délivrent ces titres et organisent les procédures de validation des
acquis.
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