Le Nouvel Hebdo :
Le salarié est-il un client ?Jean-Paul Boucher : Que l’on s’inspire du modèle client-fournisseur pour proposer aux salariés la même qualité de services en leur offrant un parcours de formation, tout cela va dans le bon sens. Les cadres souhaitent avoir une gestion individuelle de leur évolution. Mais on ne peut pas définir des règles à la tête du client. Aujourd’hui, c’est le culte de la performance individuelle. Mais une entreprise ne marche bien que si elle a la capacité à agir sur les performances collectives.Y voyez-vous un danger ?Le risque majeur des outils de gestion avec l’employé, c’est de succomber au discours des éditeurs de logiciels, qui ont une approche instrumentale de la relation. Dès lors qu’on est entré dans le champ individuel, l’ensemble des syndicats ont eu tendance à déserter le terrain de la négociation. Jusqu’à présent, on a fait l’impasse sur la contractualisation de la relation. Mais des règles collectives, que ce soit en matière de rémunération ou pour la gestion d’un parcours professionnel, doivent encadrer les pratiques individuelles.Les self-service sur les intranets ne brouillent-ils pas la frontière vie privée-vie professionnelle ?Il n’y a rien de contestable dans le fait qu’il y ait un certain nombre de services qui facilitent le bien-être des employés. L’entreprise ne peut plus s’appuyer uniquement sur le levier du salaire pour poser les actes tangibles de la reconnaissance du salarié. Le risque est d’entrer dans une logique corporatiste. En tant qu’organisation syndicale, nous devons être vigilants pour que le fossé qui sépare les TPE et PME des grandes entreprises ne s’élargisse pas.
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