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Jean-Marie Messier : Vivendi Universal, cest lui

Un bon père de famille… à la tête d’un géant de la communication. Le “Frenchy” a mené la Générale des Eaux au firmament des grandes firmes mondiales. C’est peu de dire que l’homme est déterminé.

La salle de l’Espace Vivendi, à deux pas de la place de l’Étoile, est pleine à craquer. Le mois d’août se termine, et Jean-Marie Messier a convoqué la presse pour lui présenter le nouveau produit du groupe Universal Music Mobile. Une offre ” sans embrouille “, lance le patron du groupe, bronzé et souriant, qui en rajoute en soulignant que, s’il avait vingt ans, il n’aurait qu’un seul mot : ” cool “. Un mois plus tard, le même, dans le même décor, réunit un peu moins de monde pour commenter les résultats semestriels de son groupe. L’heure est grave, le souvenir du 11 septembre est évoqué d’un ton compassé, au point que Jean-Marie Messier semble presque gêné d’annoncer “ d’aussi bons résultats“. Le contraste est saisissant. Et pourtant, contrairement aux apparences, c’est bien le même Jean-Marie Messier que les journalistes ont vu à quelques semaines d’intervalle. Un homme capable de mettre en scène ses émotions comme peu de patrons ont su le faire.Certes, Jean-Marie Messier n’est pas le premier dirigeant d’entreprise à incarner son groupe au point d’en être son meilleur argument publicitaire. Lee Iaccoca chez Chrysler dans les années 1980, ou plus récemment Jack Welsh chez General Electric, ont avant lui fait de leur personne l’emblème de leur entreprise. Mais, à la différence de ces derniers qui mettaient en avant leur mégalomanie, Jean-Marie Messier joue sur le registre… de la modestie médiatique ! En apparence, donc, le patron de Vivendi Universal est un homme ordinaire, bon père de famille qui emmène ses enfants à l’école… Il se trouve qu’il est, aussi, le PDG du deuxième groupe de communication du monde.Cette apparente bonhomie est surtout son arme la plus redoutable tant elle cache bien sa détermination. Car cet homme simple a dû balayer nombre de barons, écarter quelques concurrents et écraser plus d’une révolte pour bâtir Vivendi Universal. Son sourire modeste n’a pas empêché le dauphin de Guy Dejouany à la présidence de la Compagnie générale des Eaux de bousculer la vénérable institution pour en faire un groupe de communication en moins de cinq ans. Une transformation qui ne s’est pas faite sans victimes : ceux qui n’ont pas compris à temps qu’il faut se méfier d’un patron à la bonne bouille. Convaincu que la communication est au xxie siècle ce que l’automobile a été au xxe, Jean-Marie Messier a tout bousculé sur son passage pour devenir l’un des maîtres de cette nouvelle industrie.

Attendu au tournant

Plus encore que la vieille Générale, le dépeçage consciencieux de cette autre vénérable maison qu’était le groupe Havas révèle la méthode Messier. Là aussi, les barons de ce groupe qui se prenait parfois pour un État n’ont pas pu résister à la vente par appartement de tous ses fleurons ?” presse régionale, affichage, agence de publicité, régies, etc. ?” qui paraissaient éternels. Jusqu’à annoncer froidement au printemps 2000 que le nom même d’Havas n’avait plus aucun sens pour lui.Idem à Canal Plus, cette ” grande famille ” dont les membres ont découvert avec effroi que leur patron n’était plus le grand frère Pierre Lescure mais les ” hommes en gris “, envoyés par le gentil J2M, qui aime tant se faire mettre en boîte par les Guignols de l’info. Ce grand nettoyage n’empêche pas Jean-Marie Messier de se présenter comme un patron social, se montrant ainsi favorable aux 35 heures là où ses pairs du Medef s’arc-boutent. “Plutôt à gauche“, ose son entourage, l’ancien conseiller technique au cabinet d’Édouard Balladur, n’en est pas moins un grand champion de la mondialisation.Autant de contradictions que ce grand communicateur maîtrise à la perfection, même s’il en fait parfois un peu trop. Mais, à 44 ans, le plus dur est peut-être à venir pour Jean-Marie Messier. Après avoir construit son groupe à coup de ventes d’actifs non stratégiques et de rachats audacieux, il va falloir le développer et prouver que la convergence est autre chose qu’un slogan vendeur. Faute de quoi, son conseil d’administration lui demandera des comptes, comme il l’admet volontiers. Après tout, ” J6M ” ne se décrit-il pas comme un ” simple ” employé du nouveau géant Vivendi Universal ?

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