” Mon espoir est qu’en adoptant cette position forte [vis-à-vis du gouvernement français, NDLR], nous puissions obtenir une remise d’au moins 1 milliard d’euros sur le prix de la licence UMTS “, a déclaré Jean-Marie Messier, le PDG de Vivendi Universal (VU), lors de la conférence Communicopia 2001 organisée cette semaine par Goldman Sachs à New York.Jean-Marie Messier a même menacé que s’il n’obtenait pas gain de cause avant la date prévue pour le deuxième versement (mi-décembre), il n’hésiterait pas à porter l’affaire devant les tribunaux. ” Mon devoir est de me battre à tout prix pour protéger les intérêts des actionnaires “, a ajouté le PDG.
” Nous avons une visibilité exceptionnelle “
Devant le gratin financier new-yorkais, Jean-Marie Messier a donné une image plus que positive du groupe. VU affiche une croissance de 15 % pour les six premiers mois de l’année avec un Ebitda (résultat brut d’exploitation) en hausse de 77 %. ” Nous avons une visibilité exceptionnelle pour 2001 et 2002. Et nous avons été capables d’accomplir 100 % de nos objectifs alors que nos concurrents ont dû revoir, parfois plusieurs fois, leurs prévisions “, souligne-t-il.Jean-Marie Messier explique cette performance par une faible exposition de l’entreprise aux revenus publicitaires (1 % du chiffre d’affaires) et par la variété et la qualité des contenus proposés par Vivendi Universal, et de rappeler que la moitié des revenus proviennent de services d’abonnement. Selon lui, cette visibilité permet de différencier le groupe des autres entreprises de communication et devrait tirer le titre vers le haut, à moins que la dette, estimée à 8,6 milliards d’euros, n’effraie les investisseurs.
Limiter les dépenses marketing grâce aux partenariats commerciaux
Jean-Marie Messier a également précisé les ambitions du groupe en matière de distribution de contenus. Et même s’il n’a pas écarté d’éventuels rachats, il mise clairement sur des partenariats afin d’étendre son réseau de distribution, à l’exemple des accords conclus au sein de MusicNet (Microsoft, Sony, Yahoo!) ou du service de vidéo à la demande InDemand (AOL Time Warner, AT&T Broadband, Comcast, Cox Communications).Ces deux partenariats sont particulièrement avantageux puisque le groupe empoche respectivement 80 et 60 % du chiffre d’affaires généré par la vente du contenu de VU. “ Notre stratégie repose aujourd’hui sur la mise en place d’alliances stratégiques et de partenariats commerciaux avec le plus grand nombre de distributeurs possible et sur toutes les plates-formes (Internet, câble, satellite). Cela permet de réduire nos dépenses en marketing et d’attaquer plus rapidement le marché “, poursuit-il.Le patron de VU a également précisé qu’il n’était pas intéressé par le rachat de DirecTV ou d’AT&T Broadband.
Canal+ poursuit sa restructuration
Seule ombre au tableau, Canal+, la division films et télévision du groupe, qui poursuivra sa restructuration tout au long de l’année prochaine. ” Nous avons identifié la majorité des sources de pertes et réalisé la fusion des filiales italienne et polonaise, ainsi que la vente de la plate-forme Canal+ en Scandinavie “, reconnaît Jean-Marie Messier.La chaîne payante devrait atteindre 16,5 millions d’abonnés d’ici à la fin de l’année, dont la moitié pour le service numérique. La chaîne, qui ne compte aujourd’hui que 8 millions dabonnés, mise sur les fusions Stream/News Corp en Italie et Wizja TV/UPC en Pologne pour doubler son portefeuille.Mais la principale nouvelle pour les investisseurs américains est certainement la décision du groupe de commencer, à partir du début de l’année prochaine, de publier ces résultats à un rythme trimestriel. “ Nous comprenons que vous avez besoin de cela [avant de prendre la décision d’investir dans le groupe, NDLR] “, a conclu le patron français.
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