Dans un entretien au Financial Times, Klauss Esser, ancien président de Mannesmann, accuse le président de Vivendi de duplicité et de mensonge dans le récit des négociations qui ont conduit à l’accord Vivendi-Vodafone et ouvert la voie au rachat de Mannesmann par Vodafone.Klauss Esser reproche à Jean-Marie Messier d’avoir négocié un accord avec Vodafone, qui avait lancé une offre hostile sur Mannesmann, alors que Vivendi et Mannesmann travaillaient depuis des mois sur une fusion. “Nous discutions d’une fusion avec Vivendi depuis janvier 1999, déclare Klauss Esser au FT. Lorsque Vodafone a lancé son offre en octobre 1999, je savais que Chris Gent [le président de Vodafone, NDLR] approcherait Vivendi. J’ai alors dit à Messier qu’il pouvait discuter à loisir avec d’autres groupes mais pas avec Vodafone, et il a convenu que c’était une demande justifiée. Je m’attendais à ce que Messier discute avec Vodafone et recueille des informations mais pas qu’il les traite comme une alternative. […] C’était une conduite des plus inconvenantes et déshonorantes.”Jean-Marie Messier donne une version très différente de ces négociations dans son livre J6M.Com paru cette année. Il affirme que Klauss Esser savait que Vivendi négociait à la fois avec Mannesmann et Vodafone. En outre, il attribue au patron de Mannesmann la responsabilité de l’échec du projet de fusion entre Vivendi et Mannesmann “par sa volte-face de dernière minute sur la question de la parité au conseil d’administration du futur ensemble”, rappelle le FT.Klauss Esser dément cette version en déclarant :“Je n’ai pas remis en cause un accord convenu avec Vivendi. […] La question du membre supplémentaire au conseil était l’un des cinq derniers points que nous devions régler avec Vivendi avant le 29 janvier 2000. Je pensais sincèrement que nous parviendrions à un compromis sur tous ces points.”Après avoir bataillé quatre mois pour empêcher le groupe britannique de racheter Mannesmann, Klauss Esser a finalement recommandé aux actionnaires d’accepter l’offre de Vodafone. Il affirme y avoir été contraint par la volte-face de Jean-Marie Messier. Mais la partie civile estime que son indemnité de départ a influencé son agrément final. Cette indemnité de 59 millions de marks, décidée le lendemain de l’accord avec Vodafone, est ainsi deux fois supérieure au minimum que lui devait Mannesmann, selon le FT. Pour Klauss Esser, actuellement poursuivi par le parquet de Dusseldorf, cette somme compenserait le fait qu’il ne détienne pas de stock-options dans Mannesmann.
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