Jean-Marie Colombani a été réélu à la présidence du directoire de la SA Le Monde en 2000. Croissance externe, indépendance du titre, Bourse, internet, télévision… Il explique au Nouvel Hebdo ses priorités. Des chantiers assez nombreux pour occuper, et largement, les six années de son nouveau mandat.Comment va Le Monde ? Le Monde subit des vents contraires affectant tous les titres de presse, dus au ralentissement économique, mouvement directement importé des États-Unis. Notamment par un certain nombre de grands groupes qui pensent américain avant de penser européen. Je trouve cette situation tout à fait dommageable. L’augmentation de votre prix de vente à la rentrée constitue-t-elle une mesure de sauvegarde ? L’augmentation de notre prix de vente correspond d’abord à l’augmentation de 27 % du prix du papier. En même temps, nous sortons d’une période de cinq ans de stabilisation de notre prix de vente.Comment comptez-vous vous développer ? Il y aura trois temps forts en 2002. Le premier sera un relancement promotionnel lié à une révision de la formule : elle sera plus visible, plus accessible, plus simple et plus riche avec des nouveautés éditoriales. Ensuite, il y a les deux consultations électorales. Après Le Midi Libre et Courrier International, avez-vous vocation à vous agrandir encore ? Oui. Nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. Nous allons poursuivre la mise en place de partenariats internationaux. À l’étranger, nous nouerons des liens forts. Il y a déjà des liens forts avec La Stampa, El País, le groupe Edipresse [éditeur notamment de La Tribune de Genève, NDLR].Les partenariats dont vous parlez prennent-ils des formes concrètes ? Un exemple : en janvier 1999 naissait Eurofonds, supplément trimestriel qui permet aujourd’hui à six grands journaux européens de publier un palmarès européen des Sicav grâce à un modèle mathématique original qui permet notamment d’apprécier les risques pris par les gestionnaires de fonds.Alors comment dans le principe financer cette croissance externe sans toucher à votre indépendance ? La discussion est ouverte avec les sociétés d’actionnaires, au premier rang desquelles prennent place les sociétés de personnels. Pour ces dernières, nous voulons améliorer leurs positions relatives dans le capital de la maison. Nous voulons sanctuariser le niveau de contrôle et nous introduire en Bourse. La chaîne de télévision parisienne sur le canal 35 est-elle toujours d’actualité ? Il y aura Le Monde, Le Point, le groupe Hachette, Le Figaro et peut-être un cinquième acteur, Libération, au sein d’une société commune. Avec éventuellement un passage au numérique hertzien le moment venu. Nous sommes assez peu entendus d’une partie du CSA, qui reste très sensible aux arguments des grandes chaînes.Votre stratégie internet est toujours prioritaire ? Oui. Nous sommes devenus le premier site de presse en France avec 18 millions de pages vues et 150 000 connexions par jour. Ça coûte cher, mais nous allons passer à la phase 2 : la mise sur pied d’une stratégie commerciale. Nous allons vendre des services et des contenus. Nous avons commencé. Il y aura des contenus audio et vidéo. Nous visons l’équilibre en 2004.
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