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Jean-Marc Bordes (INA) : ‘ C’est aux sites de vidéos de s’organiser pour ne pas être en infraction ‘

Le directeur général délégué de l’INA parle de l’adoption par Canal+ d’un outil d’identification des contenus vidéo conçu par l’INA.

01net. : Canal+ a annoncé
en juillet qu’il allait se servir de votre technologie
d’empreinte numérique Signatures, pour protéger ses contenus sur les sites de partage de vidéos. Mais pour que ça marche, ces sites ne doivent-ils pas aussi adopter cet outil ?



Jean-Marc Bordes : Le principe, c’est qu’il faut deux types d’utilisateurs. Les détenteurs de contenus d’un côté. Canal+ a signé, mais il y en a d’autres qui sont intéressés, français et étrangers. L’outil développé par
l’Institut national de l’audiovisuel (INA) est assez simple et comme il est quasiment gratuit, tout le monde voudra l’avoir !


De l’autre côté, nous sommes en discussion avec les sites de vidéos. Nous avons eu un rendez-vous avec YouTube en juin et ils vont tester le logiciel. Dailymotion le fait depuis quelques temps. Nous sommes aussi en contact avec Kewego et
nous avons un rendez-vous prochainement avec TF1, à la fois éditeur de plate-forme, avec Wat.tv, et détenteur de contenus.Dailymotion a expliqué qu’il n’avait pas l’intention de multiplier les technologies et le site vient d’adopter celle d’Audible Magic. Qu’est-ce qui se passe pour Canal+, par exemple, si au final Dailymotion intègre un autre outil
que le vôtre ?



Audible Magic sert à la protection des contenus audio. Cela implique de prendre en compte la donnée linguistique : à chaque fois qu’un film est doublé dans une langue il faut une nouvelle empreinte. Avec une signature sur la vidéo, le
contenu est protégé une fois pour toutes partout dans le monde. Nous sommes d’ailleurs en contact avec la MPAA [Motion Picture Association of America, NDLR], qui représente les majors du cinéma américain. Quant à choisir pour la
vidéo une autre technologie de signature, dites-moi laquelle. Il n’y a pas d’autre acteur sur ce créneau.Sur 01net.,
Dailymotion en appelait aux pouvoirs publics, pour qu’ils incitent à la création d’une base de données
centrale avec les empreintes des ?”uvres. Attendez-vous aussi une telle intervention ?



C’est toujours bien que les pouvoirs publics accompagnent le mouvement. Mais c’est surtout aux professionnels qui ont envie de protéger leurs contenus d’agir et aux sites de partage de vidéos d’utiliser les mesures qu’ils veulent. Quand
vous avez Dailymotion qui est
condamné à 23 000 euros pour avoir eu en ligne le film Joyeux Noël, vous
pouvez facilement trouver cent autres films, issus tels quels de DVD. Cela ferait 2,3 millions d’euros d’amende. Soit ils font quelque chose, soit ils se mettent à budgéter les condamnations…Et votre technologie est gratuite ?


C’est un logiciel très léger à mettre en ?”uvre. Nous fournissons le kit de développement logiciel. Après, nous pouvons passer des accords avec des prestataires techniques qui traiteront les contenus pour le compte de producteurs si
ceux-ci n’ont pas la compétence. Il peut y avoir ce problème chez un petit producteur, moins chez un gros comme Canal+. Nous ne revendiquons pas de revenus. C’est à la profession de mettre en place ce système, aux détenteurs de contenus de
convaincre les plates-formes.L’INA est-il allé voir sur les sites de partage de vidéos s’il y avait certains de ses contenus ?


Nous n’avons pas vocation à faire la police sur ces sites. C’est à eux de s’organiser pour ne pas être en infraction. Leur attitude a toujours été d’inverser les rôles en venant nous demander : ‘ Dites-nous ce
qu’il faut enlever. ‘
Ce n’est pas comme ça que cela se passe. Mais nous nous devons de protéger l’ensemble de nos contenus.

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propos recueillis par Arnaud Devillard