Annoncé comme une biographie de Jean-Luc Lagardère, ce Corsaire de la République, signé par les deux journalistes économiques Thierry Gadault et Bruno Lancesseur, est avant tout une passionnante plongée dans le capitalisme à la française. Qui racontent les relations quasi-incestueuses qui unissent la haute administration à l’élite de notre industrie de défense. Les auteurs expliquent comment un pan du discours de politique générale prononcé par Lionel Jospin au printemps 1997 semble directement inspiré d’une note rédigée quelque temps plus tôt par un membre de la direction de la stratégie du groupe Lagardère !Autre mérite de ce livre très documenté : démontrer que même les secteurs les plus technologiques de notre économie fonctionnent encore selon les règles ancestrales des jeux de pouvoir. Quitte à désorienter les concurrents étrangers qui ne comprennent pas pourquoi le président d’une entreprise publique française n’est pas considéré comme le patron, mais comme un représentant de l’État. Drôle de pays où, comme le constate Serge Tchuruk après son échec lors de la privatisation de Thomson, un bon dossier ne suffit pas toujours pour emporter le morceau. Car il faut aussi un bon réseau. Dans tous les sens du terme.En témoigne ce jour de juillet 1999 où Jean-Luc Lagardère appelle un collaborateur ?” visiblement sur écoute ?” sur son portable pour parler des négociations sur le projet EADS. Leur conversation fera quelques heures plus tard “le tour des dîners parisiens “. On appréciera aussi cette illustration de la dialectique jospinienne : écoutant le plan de Jean-Luc Lagardère pour fusionner Aérospatiale, Matra et l’Allemand Dasa, Lionel Jospin qualifiera le projet de “révolutionnaire “. Une réponse que Lagardère prendra comme un encouragement, alors quil fallait y voir un refus catégorique. À chacun sa vérité…
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