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Jean-Louis Gassée (Be) : ” Nous cherchons un partenaire ou un acquéreur “

Après une tentative, l’an dernier, de devenir fournisseur de solutions pour Internet appliance et, aujourd’hui, un chiffre d’affaires très faible pour le premier trimestre, Be Inc. est à vendre, intégralement ou partiellement. Interview de Jean-Louis Gassée, son PDG.



01net.
: Vous venez d’engager la banque d’affaires ING Barings pour ” explorer des alternatives stratégiques et financières “. Quelles sont-elles ?
Jean-Louis Gassée : Les conditions du marché sont telles qu’il n’est plus possible d’y trouver un financement. Et Be a besoin d’argent. Fin mars, nous disposions de 9 millions de dollars en cash, nous en dépensons un peu moins de 1,5 million par mois, ce qui ne nous mène pas au-delà du troisième trimestre. Le conseil d’administration a pris la température du marché : le prix du capital aurait été trop élevé pour nos actionnaires. Plutôt que de diluer, nous préférons donc la solution du rapprochement, partenariat ou vente.Le chiffre d’affaires de Be s’est écroulé quand vous vous êtes concentrés sur le marché des Internet appliance ? Est-ce que vous n’êtes pas parti trop tôt sur ce créneau ?Je suis prudent quant à la sagesse a posteriori. Regardez Palm qui, à une époque, ne valait rien et a failli disparaître. Ou Apple : les années paires, ça va fort, les années impaires, c’est fini. Je suis persuadé qu’on se dirige vers le monde du tout connecté. Ça peut sembler futuriste mais, en Europe, au Japon, aux Etats-Unis, nombre de sociétés y travaillent. Si on avait disposé de ressources suffisantes en capital, on nous aurait traité de génies.D’où comptez-vous tirer vos revenus ?Avec BeIA, on peut dire qu’on commercialise un moteur multimédia, ce qui nous ouvre trois sources de revenus : les licences par appareil ; les logiciels pour serveurs, essentiels dans le monde du tout-connecté ; et les frais d’ingénierie pour la mise en ?”uvre de nos logiciels, soit une activité de service. Un fabricant d’électronique grand public n’aura pas nécessairement les compétences pour adapter un système d’exploitation à sa machine, nous, oui, nous sommes une société d’ingénieurs.Pourtant, sur le premier trimestre de l’année, vous n’affichez qu’un revenu de 100 000 dollars, alors que vous escomptiez beaucoup plus ?Attendez, personne ne pouvait prévoir que le marché se retournerait aussi rapidement. L’équipe qui travaillait sur BeIA chez Gateway a été licenciée il y a quelques semaines. On était sur le point d’avoir un contrat avec Cisco, l’équipe a été licenciée aujourd’hui.Vous comptez encore faire quelque chose pour BeOS, maintenant qu’il est gratuit en téléchargement ?BeOS est une carte de visite, c’est du marketing pas cher. Par contre, je ne me prononce pas quant à une éventuelle nouvelle version. Mais nous le conseillons comme plate-forme de développement pour BeIA. De toute façon, la différence entre BeOS et BeIA tient de la fausse barbe.On parle de mettre BeOS en code source libre, à la mode Linux. Vous êtes tenté ?Actuellement, je n’en vois pas l’intérêt. Mais si quelqu’un peut me prouver que ça augmentera la richesse de mes actionnaires, je le fais.Be travaille d’abord pour ses actionnaires ?Oui, bien sûr, je n’ai qu’un but dans la vie, c’est l’actionnaire. C’est pour cela qu’on a procédé à des licenciements. D’ailleurs, tous nos employés sont actionnaires.

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Propos recueillis par Ludovic Nachury, correspondant à New York