01 Informatique : Lors de la dernière manifestation des Centraliens sur le thème ” Préparer les ingénieurs aux enjeux du futur “, la précarité croissante des ingénieurs a été soulevée. Quel bilan feriez-vous ? Jean-François Rambicur
: Je n’évoquerais pas la précarité de l’ingénieur comme un mal auquel il faut trouver un remède. J’y vois plutôt une image pour caractériser les deux évolutions qui sont nécessaires aux carrières d’ingénieur. Face à cette nouvelle mobilité ” structurelle “, l’ingénieur devra d’abord améliorer en permanence ses compétences, car les technologies et les savoirs se développent de plus en plus vite. Il devra également être prêt à changer plusieurs fois de métier et, probablement, d’employeur. Face aux nouvelles contraintes de l’économie, quelles qualités demander à un ingénieur ? Dans la mesure où l’ingénieur sera confronté aux problématiques liées, notamment, à la nouvelle économie, il doit être prêt à appréhender rapidement des savoir-faire nouveaux, à travailler dans des équipes multiculturelles, multicompétentes, et à intervenir plus en amont dans les projets.Qu’en est-il de son rôle au sein de l’entreprise qui passe à la nouvelle économie ? Ce sont ces nouvelles problématiques économiques qui vont redéfinir le rôle de l’ingénieur au sein de l’entreprise, ainsi que la gestion de sa carrière. Les ingénieurs en exercice doivent se donner les moyens de s’améliorer, d’être plus créatifs. Le taux de rotation en entreprise en France comme aux Etats-Unis est important (environ 25 % par an). Quel message délivreriez-vous aux ingénieurs ? Toutes les entreprises ne recherchent pas un taux de rotation élevé. Dans la majorité des cas, ces changements fréquents de ressources humaines représenteraient une réelle perte de substance. Celles-ci demeurent la richesse essentielle de l’entreprise. Même s’il reste dans la même société, l’ingénieur doit accompagner les transformations et les évolutions par sa propre progression.Dans ce contexte économique international, quel système de formation maintenir ? Le système des grandes écoles à la française est extrêmement performant, et il forme des ingénieurs de grande qualité. Alors que la société et l’économie se transforment et se globalisent, la formation des ingénieurs doit prendre en compte ces changements. Elle doit garder ses forces traditionnelles, s’ouvrir plus tôt vers des méthodes d’éducation plus responsabilisantes, vers l’apprentissage du travail en équipe, et, bien entendu, vers la préparation aux cultures internationales.
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