Lorsqu’il vous accueille au centre de recherches de France Télécom à Issy-les-Moulineaux, André Weill, responsable du projet Vêtements communiquants, a sur les épaules un blouson de mi-saison un peu difforme et aux couleurs criardes : du bleu cyan avec un col jaune et rouge. Pour tout dire, un blouson plutôt moche. Mais quand André Weill prononce le prénom ” Yves ” et que, soudain, le téléphone de son voisin, Yves en l’occurrence, se met à sonner et qu’ils se mettent à discuter, on se dit que, finalement, on aimerait bien porter le même.C’est un téléphone mobile classique, 80 grammes à peine, qui a été désossé et intégré à l’intérieur de la doublure, dans le dos du blouson. Dans le col sont cachés, de chaque côté du visage, deux petits micros. Un écouteur, semblable à celui d’un baladeur, se fixe dans l’oreille. Et les gros boutons qui ferment le blouson servent aussi à décrocher et à raccrocher, à l’aide d’une simple pression du doigt. Le clavier ? Il y en a un, sur le revers qui cache les boutons : un clavier flexible semblable à celui d’une fine calculette. Mais André Weill ne pense pas qu’il y restera longtemps : “Les gens ne veulent pas taper un numéro en marchant. L’avenir, c’est la reconnaissance vocale.” D’ailleurs, de quinze à vingt personnes d’un autre labo de France Télécom développent un annuaire universel qui permettra d’appeler un correspondant en prononçant seulement son nom et sa ville.” France Télécom ne veut pas pour autant devenir un fabricant de vêtements “, précise le chercheur. L’idée, avec ce blouson, c’est d’avoir un prototype qui permettra d’imaginer les services à développer : une assistance-voyage pour les hommes d’affaires, une localisation des restaurants ou des cinémas, un système d’alerte pour les skieurs ? ” La vision d’un opérateur comme France Télécom, c’est de développer des services en externe, accessibles grâce au GSM ou à une liaison Blue Tooth. Cette vision est à l’opposé de celle des équipementiers comme Nokia qui veulent au contraire incorporer ces services à l’intérieur même des téléphones. “ Derrière ces deux visions, une seule visée : récupérer la plus grosse part du gâteau téléphonique.Maintenant, les chercheurs de l’opérateur français vont confier leur blouson à des sociologues afin d’étudier les usages qui peuvent en être faits. En décembre, France Télécom présentera un nouveau prototype avec une oreillette sans fil, le GPS, et sans doute des éléments encapsulés et des fils de polyester et d’inox qui permettront au blouson d’être lavé. Espérons que nos chercheurs en profiteront pour choisir de nouveaux coloris…
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