En une décennie, la technologie a atteint un rang et une notoriété comparables à ceux de ses prédécesseurs Cobol et C. Java a été conçu à l’origine, à partir de la fin 1990, dans le cadre du ‘ Green
Project ‘ de Sun, sous le nom de Oak (le chêne). Objectif : ‘ mettre de l’intelligence ‘ dans un éventail émergent de périphériques connectés, assistants personnels, téléphones, télécommandes ou
boîtiers relais.Java a officiellement été lancé le 23 mai 1995, lors du salon Sunworld. Fort de ses 4,5 millions de développeurs, il est désormais présent à tous les degrés de l’informatique ?” des périphériques mobiles aux serveurs
d’infrastructure applicative.Il s’est progressivement imposé sur le poste de travail en permettant de dynamiser des pages Web jusque-là bien statiques. Par la suite, sa capacité intrinsèque de fonctionner sur des plates-formes différentes a également
démontré son intérêt pour les applications côté serveur.Langage de référence, Java est désormais incontournable dans les cycles de formation informatique des grandes écoles ou des universités. ‘ Les débutants qui sortent de l’école connaissent déjà tous Java de
par leur cursus. Mais il faut en général approfondir sur J2EE, qui recouvre une réalité plus complexe, indique Aline Cassar, responsable de l’offre de formation nouvelles technologies pour Unilog IT Training. Java a
toujours le vent en poupe. Et bien que .Net commence à percer, Java et J2EE demeurent les formations les plus demandées. ‘
Portabilité et répartition
Outre la simplification de sa syntaxe par rapport au langage C++, Java a bénéficié de l’avènement de l’informatique en réseau. Conçu d’emblée pour être déployé sur des systèmes hétérogènes et répartis, il
s’appuie sur l’orientation objet et le concept de machine virtuelle, inauguré, vingt ans plus tôt, par le Smalltalk d’Alan Kay. Les applications ne changent pas. Seule la machine virtuelle Java (JVM) évolue.Cette portabilité, qui lui sert d’étendard, s’est initialement heurtée à des problèmes de performance, aujourd’hui dépassés. ‘ Mais la lecture par n’importe quel processeur virtuel des
instructions standardisées bute encore parfois sur des particularismes difficiles à résoudre ‘, constate Janick Taillandier, DSI de la RATP.L’arrivée de la version Java 2 Entreprise Edition (J2EE) en 1998 a déclenché une vague d’adhésion des grands acteurs. Ténors du transactionnel, BEA et IBM se sont, dès lors, affrontés sur le nouveau marché du serveur
d’applications Java, nouvel étalon du middleware d’infrastructure.L’informatique distribuée devenait enfin ‘ facile ‘. ‘ Pour caricaturer, voici ce que l’on pensait à l’époque : Java est facile, donc J2EE est facile ; C++
est compliqué, donc Corba est compliqué. Mais faire de l’infrastructure, avec des transactions, de la sécurité, etc., c’est, de toute façon, compliqué. Partant de cette idée, s’est imposée l’impression fallacieuse que
tout le monde allait faire du Java. En oubliant de prendre en compte les besoins différents des développeurs et des assembleurs ‘, regrette Yves Lhérault, le directeur technique BEA France.
Un modèle de production de standards
En parallèle, à la fin de 1998, le modèle de standardisation du langage se met en place. Le JCP (Java Community Process), qui regroupe désormais près de 900 membres, chapeaute aujourd’hui 271 groupes de travail ?” les
JSR (Java Specification Request), qui assurent conjointement l’évolution du langage et de la plate-forme.Un exercice difficile pour Sun, à la fois propriétaire de Java et désireux de faire de sa progéniture un standard de l’industrie. Pour Eric Mahé, chez Sun, ‘ il fallait, d’un côté, proposer un
processus ouvert et collaboratif, et, de l’autre, assurer une forme de discipline, garantir la portabilité et la cohérence. Mais si l’ouverture a un prix, il est inférieur à celui de la fermeture. ‘En s’assurant le concours des développeurs, y compris ceux des communautés open source, le JCP a inauguré un modèle de production de standards qui allait faire florès. Par exemple, au sein d’organisations comme la Liberty
Alliance, pour la fédération des identités. Consensuel, le JCP a fait ses preuves pour produire un modèle objet standard très évolué.Cependant, il peine à prendre rapidement en compte certaines évolutions, payant à ce niveau son universalité. ‘ Le monde Java n’a pas tardé à adopter les services Web, reconnaît John Rymer,
vice-président de Forrester Research et spécialiste des plates-formes applicatives. Mais des questions importantes comme le BPM, par exemple, n’ont pas été prises en compte par le JCP. Il en va de même pour la facilité de
développement : un gros travail a été accompli, mais beaucoup reste à faire. Sur ces plans, Microsoft a vraiment l’avantage. ‘
Des rivaux offensifs
Face au succès, de Java, la concurrence s’est organisée. D’abord chez Microsoft. La plate-forme .Net, étroitement intégrée aux systèmes d’exploitation de Microsoft, résout globalement les mêmes problèmes. En
s’affranchissant, toutefois, de celui de la portabilité.A priori susceptible d’accueillir différents langages, .Net privilégie néanmoins C#, inspiré, tout comme Java, de la syntaxe C. Parti en retard, Microsoft considère cependant l’avoir en grande partie comblé.Et cela en misant sur la relation étroite entre les différents composants, outils de développement regroupés au sein de Visual Studio, serveurs d’applications, de données ou d’intégration. ‘ Une fois
que l’on a choisi Java, il reste à sélectionner une implémentation. Et là, on risque de retomber dans des extensions propriétaires, explique Jean-Christophe Cimetière, chef de produit plate-forme .Net chez Microsoft France.
Par ailleurs, .Net est plus riche et plus homogène pour les développeurs. ‘Mais Java reste un domaine avec lequel il faut composer : ‘ .Net croît dans un monde qui, de toute façon, ne ferait pas de Java, argumente Eric Mahé.
LAMP [Linux-Apache-MySQL-PHP/Python/Perl ?” NDLR] me semble un rival bien plus vigoureux. Seulement, il concurrence les deux
plates-formes… ‘IBM, qui s’est beaucoup investi dans le processus Java, mise désormais, lui aussi, sur PHP. ‘ PHP est complémentaire de Java pour connecter le visuel à l’environnement
serveur ‘, explique Michel Granger, porte-parole d’IBM. Une opinion que tempère John Rymer, qui, pour sa part, voit PHP susciter beaucoup d’intérêt côté serveur également.Dominant, mais confronté à des alternatives crédibles, Java va devoir prendre davantage en compte les nouveaux modes de développement promus par les communautés du logiciel libre. Hésitant, Sun risque de subir de plus en plus de
pressions pour faire
basculer Java dans le monde open source.Une évolution que John Rymer juge inévitable : ‘ Le centre de gravité de l’innovation est maintenant du côté de l’open source. Les développeurs de libre sont désormais l’une des
principales forces de proposition dans le processus Java. Sun a tout à y gagner. Le libre est une méritocratie. Et Sun conservera la même possibilité d’influencer l’évolution de Java. ‘
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