Le Japon est la troisième région du monde en matière de production de semi-conducteurs derrière l’Asie-Pacifique et l’Amérique du Nord. Le récent tremblement de terre et le tsunami vont donc avoir d’importantes répercussions sur les livraisons mondiales de semi-conducteurs, et sur la production électronique en général.
Comme le fait remarquer le cabinet d’études IHS iSuppli dans un communiqué publié le soir même de la catastrophe, les fournisseurs japonais généraient en 2010 20,8 % de la production mondiale de semi-conducteurs. Et une large part de leur production est localisée sur place. Plus généralement, le Japon est à l’origine de 13,9 % de la production mondiale d’électronique. Ce pays génère 16,5 % des revenus de l’électronique grand public et 10,2 % des revenus de l’industrie informatique, précise encore IHS iSupppli.
L’usine qui fabrique les mémoires de l’iPad touchée
Selon les informations qui nous sont parvenues jusqu’à présent, le tsunami aurait surtout touché les fournisseurs de matières premières nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs, et aurait entraîné de graves perturbations dans les transports, ce qui pourrait générer des retards d’au moins deux semaines dans les livraisons de certains composants, avance IHS iSuppli.
Le Japon représente 10 % de la production mondiale de tranches destinées aux mémoires Dram, mais les deux principaux fabricants nippons, Micron et Elpida, ne sont pas directement touchés selon IHS iSuppli. Toshiba, Fujitsu Electronics, dont les usines se situent également dans les zones touchées par le tsunami, annoncent des dégâts qui auront inévitablement des conséquences sur les livraisons de mémoires Flash Nand. Toshiba a suspendu provisoirement la production dans sa principale usine de mémoires Flash Nand (qui équipent l’iPad et plusieurs smartphones). Le groupe fournit plus du tiers des mémoires Nand dans le monde, un marché en forte croissance. le fabricant déplore notamment des dégâts partiels sur son site de Kimitsu ayant entrainé, avec les coupures d’électricité, l’arrêt des opérations.
Quant à Renesas Electronics, il vient de confirmer qu’en raison du tremblement de terre qui a touché le Japon, sept de ses vingt-deux usines de l’archipel sont actuellement fermées. Des sites de fabrication front-end et back-end sont touchés, ainsi que des sites de R et D. Seuls les centres de conception de Kawasaki-shi et Yokohama-shi devraient rouvrir ce mardi 15 mars, avec les employés qui auront eu la possibilité de faire le trajet.
Sony, lui, a suspendu la production dans plusieurs usines dont celles situées dans les préfectures de Miyagi (optoélectronique) et de Fukushima (batteries). Le fabricant de mémoires Dram Elpida a vu ses usines d’Hiroshima et d’Akita épargnées, cette dernière souffrant uniquement des coupures de courant. Enfin, ON Semiconductor, qui possède plusieurs usines au Japon héritées en partie de Sanyo, semble avoir été relativement épargné, seuls les sites d’Aizu et de Gunma ayant été réellement touchés. Panasonic n’a pour l’heure pas encore communiqué sur le sujet.
L’industrie de la visualisation épargnée ?
Le drame que vient de vivre le Japon devrait avoir un impact relativement limité sur l’industrie de la visualisation. En effet, selon les derniers chiffres d’IHS iSuppli, le Japon n’a représenté en 2010 que 6,2 % de la production mondiale d’écrans LCD-TFT grand format (10 pouces et plus). L’archipel abrite toutefois 14 % de la production mondiale de LCD-TFT pour téléviseurs, selon l’analyste, notamment grâce à l’usine de génération 10 de Sharp. Par ailleurs, la localisation des usines d’écrans LCD-TFT fait dire à IHS iSuppli qu’elles ont vraisemblablement dû être quasiment toutes épargnées. Ce qui reste à vérifier.
L’analyste est en revanche plus inquiet en ce qui concerne les fournisseurs nippons de composants indispensables à la fabrication des écrans LCD-TFT, à savoir les dalles de verre, les polariseurs, les filtres colorés ou bien encore les lampes CCFL destinées au rétro-éclairage et même les LED, le Japon étant un producteur de poids dans ces domaines. Des informations recueillies par notre confrère Digitimes se montrent pourtant plus rassurantes sur ce point. Seul Corning, l’un des principaux fournisseurs de dalles de verre, aurait stoppé temporairement une unité de production.
Du côté des LED, pas de crainte particulière, selon Digitimes, qui se base sur l’éloignement des sites de production par rapport aux zones touchées par la catastrophe. Seule M.Setek, une filiale du taiwanais AU Optronics fabriquant des tranches de silicium polycristallin, a été contrainte d’arrêter sa production pour une durée estimée à une semaine.
Article initialement publié sur le site de ElectroniqueS. Le magazine reviendra sur les répercussions de la catastrophe japonaise pour l’industrie électronique dans son numéro d’avril.
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