Maurice Wilkes est le dernier survivant de la génération des pionniers de l’informatique des années quarante. Aujourd’hui, à 86 ans, il se rend encore tous les jours au travail dans un laboratoire de recherche d’AT&T à Cambridge. Entre-temps, il a inscrit son nom dans l’histoire de l’informatique. En 1945, après un doctorat en mathématiques à Cambridge, le professeur Wilkes se retrouve à la tête du nouveau laboratoire d’informatique de l’université dont la mission est d’aider les scientifiques à exécuter des calculs complexes.
Il rencontre les inventeurs de l’Eniac
Le visage de Maurice Wilkes s’illumine lorsqu’il repense à l’optimisme qui animait le pays juste après la guerre. ‘ En revenant à Cambridge, j’ai entendu parler des progrès en informatique aux Etats-Unis. Lors de l’été 1946, j’ai eu la chance d’être invité à la Moore School, à Philadelphie, où Prespert Eckert et John Mauchly, les inventeurs de l’Eniac, nous ont parlé de leur ordinateur (il était composé de 18 000 tubes et utilisait des cartes perforées). En remontant à bord du Queen Mary, pour le voyage de retour, j’ai commencé à concevoir mon ordinateur ‘, se rappelle-t-il.‘ Mon équipe et moi avions deux buts. Nous voulions construire une machine dotée d’une mémoire, ce qui était une nouveauté et un défi technique. Puis, nous voulions la mettre au service de nos collègues mathématiciens et physiciens à l’université. ‘L’idée était d’élaborer une mémoire qui puisse stocker des centaines de chiffres dans des ‘ tubes ultrasoniques ‘. Encore aujourd’hui, le professeur Wilkes remercie sa bonne étoile d’avoir rencontré un étudiant qui avait déjà utilisé des tubes de mercure pour fabriquer des radars. Celui-ci le convainc que le mercure peut aussi servir à stocker les bits d’information. Cette technique fait des sceptiques, mais Maurice Wilkes persiste.Il s’empresse de faire construire 32 tubes de 1,5 mètre de long qui peuvent stocker chacun 16 mots de 35 bits. Cette mémoire est le c?”ur de l’Edsac (Electronic Delay Storage Automatic Calculator). Enfin, le 6 mai 1949, après trois années de construction et de réglages, l’Edsac lit enfin son premier programme et calcule une table de racines carrées.
On tapait déjà sur un clavier
Les chercheurs de Cambridge se pressent pour soumettre leurs calculs à l’Edsac. L’opérateur entre ses instructions grâce à un clavier et les résultats sont imprimés sur de fines bandes de papier comme celles d’un télex. Maurice Wilkes réalise immédiatement que les utilisateurs de sa machine gagneront du temps s’ils échangent leurs programmes entre eux. La première bibliothèque de programmes est née. L’Edsac est principalement employé pour résoudre des problèmes de météorologie, de génétique et de cristallographie.Enorme ?” il occupe une pièce de 20 m2 ?” l’Edsac n’est pas toujours fiable. ‘ Il avait de bons et de mauvais jours, se souvient Maurice Wilkes. Mais notre but était de construire une machine le plus vite possible, et nous étions obligés de brûler les étapes. Sinon, cela nous aurait pris vingt ans. ‘
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