Jador se retrouve victime du retournement des marchés financiers contre les valeurs Internet. Début 2000, le portail touristique avait levé 20 millions de francs afin de préparer son entrée sur le
Nouveau Marché, prévue pour le mois de juillet. Jador comptait sur les fonds levés lors de cette introduction pour poursuivre son développement : ouverture de bureaux en province et à l’étranger, recrutement de personnel, amélioration de sa
plate-forme technologique, etc.Mais, l’e-krach a fait basculer le destin de la société : “A la fin 1999, nous étions dans une période d’euphorie Internet. Les financiers cherchaient des start-up dans lesquelles investir afin de les lancer sur le
marché boursier, raconte Philippe Guyetaut, président de Jador. Pour préparer notre introduction, nous avons levé des fonds et, pour séduire les investisseurs, décidé de développer notre activité à l’international.
Malheureusement, l’e-krach nous a contraint à repousser notre introduction et nos fonds propres ont fini par s’épuiser.”
Le report d’introduction a plombé la société
La constitution du dossier d’introduction a pris près de neuf mois et coûté environ 6 millions de francs à la jeune pousse. Jador a fait
une seconde tentative d’introduction en Bourse au mois de décembre 2000, mais une nouvelle chute du Nasdaq a contraint la société à annuler l’opération.De plus, malgré le report d’introduction en mars 2000, Jador a continué entre-temps à développer ses activités. ” Les développements informatiques, les frais d’installation à l’étranger et le recrutement de personnel
[la jeune pousse employait 60 personnes en juin 2000, NDLR] nous ont coûté une dizaine de millions de francs “, calcule Philippe Guyetaut.A court de fonds, la jeune pousse s’est mise en redressement judiciaire. ” Aujourd’hui, notre volonté est de continuer : nous générons des revenus, la demande existe et nous sommes sur le créneau du tourisme depuis
1997 “, insiste Philippe Guyetaut. La société Jador a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 40 millions de francs en 2000 pour une perte d’environ 20 millions de francs, dont une bonne part est imputable aux tentatives
d’introduction en Bourse. Le portail Jador enregistre en moyenne 10 000 visiteurs par jour, essentiellement des étrangers.
Restructuration et recherche de partenaires
” Si nous avions levé normalement de l’argent en Bourse, il n’y aurait eu aucun problème pour financer nos projets d’expansion. Personne n’avait prévu l’e-krach, mais nous avons dû en tirer les conclusions : nous ne
pouvons pas garder notre rythme de dépenses actuel en 2001 “, analyse-t-il. La restructuration de Jador devrait se traduire par des licenciements, l’annulation des implantations à l’étranger et l’arrêt des développements
informatiques pour le site.” Nous nous sommes autofinancés jusqu’en 1999 avant de céder aux sirènes de la Bourse comme toutes les start-up françaises à ce moment-là. Malheureusement, la période durant laquelle on a laissé une chance aux jeunes
pousses a été trop courte : neuf mois en France contre près de deux ans aux Etats-Unis “, regrette Philippe Guyetaut, avant de conclure : ” Nous allons quand même poursuivre notre activité. Nous recherchons des
investisseurs ou, pourquoi pas, un repreneur. Mais, de toute façon, nous continuerons. Même seuls, sil le faut ! “
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