En cette rentrée, après la pause de l’été, comment percevez-vous les attentes des entreprises en matière de recrutement ? Les besoins des entreprises sont de plus en plus tendus. Nous constatons une évolution très forte pour les postes de haut niveau. Tout en sachant que notre cabinet recherche des cadres, dont la rémunération annuelle dépasse les cinq cent mille francs. Aujourd’hui, ce sont vraiment les candidats qui font leur marché. Et cela dure depuis un an. Je décèle trois tendances : la rareté des candidats, l’augmentation des rémunérations, et le rythme élevé des recrutements.Quels sont les postes que vous avez le plus de difficulté à recruter ? Très clairement, les commerciaux ou les hommes de marketing. Ils sont impossibles à trouver. C’est pire que les techniciens ! J’explique cette difficulté par le manque de candidats. Ils se font rares. Nous allons donc les chercher dans des secteurs autres que l’informatique. A condition que ce soit des secteurs très évolutifs, tournés vers la technique, tels ceux de la biochimie, de la pharmacie, etc. La plupart des candidats ont plusieurs offres dans la tête quand nous les rencontrons. Ils trouvent leur job en trois jours !Quelle est votre explication à cette pénurie de candidats ? Elle est évidemment très liée à l’économie. La France va bien. D’après les enquêtes effectuées auprès des membres de l’Aprocerd (Association professionnelle des conseils d’entreprise pour la recherche de dirigeants), cinquante pour cent des postes recherchés par les entreprises correspondent à des créations. Une proportion très importante. Par ailleurs, le turnover continue de croître.Qu’en est-il des fonctions de direction informatique ? Nous les trouvons plus facilement que les commerciaux. Reste que la demande des entreprises va nettement vers des candidats qui sont capables de faire de la veille technologique et d’entrer dans le process de leur business. La direction informatique devient un centre de profit, de plus en plus confronté aux multiples échanges en ligne.Vous avez évoqué la forte tendance à la hausse des salaires. Comment se traduit-elle dans les faits ? Lorsque nous approchons un candidat pour un poste qui est rémunéré entre 800 000 et 1 million de francs, il ne bouge pas. Nous nous voyons obligés de surenchérir jusqu’à 1,2 million. Il s’agit généralement de fonctions marketing chez des éditeurs de logiciels, pour des personnes ayant sept ou huit années d’expérience. Il y a aussi un petit côté danseuse pour certains : ils attendent de pouvoir vendre leurs actions pour changer d’entreprise. “Rappelez-moi dans trois mois “, nous disent certains. Il est vrai qu’une cagnotte de deux à trois millions de francs peut aisément se transformer en maison de campagne ou en appartement. Et pour signer un nouveau contrat, il n’est pas rare qu’ils demandent un bonus de soixante-quinze mille à cent mille francs.Les dernières statistiques de l’Aprocerd font état d’une augmentation de la recherche de cadres en approche directe. Comment lexpliquez-vous ? Le manque de candidats en est l’une des raisons. Cela oblige à aller les chercher. Les gens sont donc très sollicités. De plus, alors que l’approche directe ne concernait que des postes de direction, elle descend maintenant dans la hiérarchie. Nous allons de la direction générale aux bons architectes réseaux. Nous passons en moyenne cent appels téléphoniques pour un poste. Pour un commercial ou un architecte réseaux, on compte un minimum de quatre-vingts appels.
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