01net. : Dans quelles circonstances votre plan de sauvetage a-t-il échoué ?Jacques Rosselin : Nous étions en négociation avec Europe Online, un opérateur luxembourgeois de Web télévision par satellite. Un protocole d’accord a d’ailleurs été signé, mais le board de la société l’a dénoncé quelques jours après. Nous avons aussi été en négociation avec Eutelsat qui était intéressé par notre plate-forme technique. Mais là aussi, les négociations n’ont pas abouti. Et par faute de temps, nous avons dû déposer le bilan ce matin.Que devient Canalweb après ce dépôt de bilan ?Rien ne change tant que l’administrateur judiciaire n’a pas pris de décision : nous continuons notre activité. Ensuite, j’espère qu’il y aura un plan de continuation et qu’il n’y aura pas de liquidation judiciaire.Comment en êtes-vous arrivé là ?On a été pris par surprise. L’augmentation de capital prévue depuis six mois ne s’est pas faite car Galileo et Paribas Affaires Industrielles ont fait marche arrière au dernier moment après s’être engagés. S’ils nous avaient donné ne serait-ce que deux mois pour nous retourner, nous n’en serions peut-être pas là.Avec 95 employés encore aujourd’hui, ne pensez-vous pas avoir vu trop grand trop tôt ? Nous avons commencé à restructurer l’entreprise quand le vent a mal tourné en novembre dernier. De 130 employés au début de cette année, nous sommes passé à 95 aujourd’hui.Certains vous reprochent de ne pas avoir su gérer les 130 millions de francs levés par Canalweb il y a à un peu plus d’un an…Si Canalweb a grossi aussi vite, c’est parce que les actionnaires voulaient que nous réalisions rapidement une introduction en Bourse. Et pour ça, il fallait atteindre le plus vite possible une taille critique. A cette même époque de l’année 2000, nous diffusions 120 programmes par semaine. Nos actionnaires voulaient ouvrir trois filiales [en Angleterre, en Allemagne, et en Espagne, NDLR], et développer une plate-forme de diffusion à haut débit, tout en proposant des services B-to-B, en lançant un réseau de télévisions régionales, et en exploitant TV Bourse. Ils ont monté un plan d’investissement très très ambitieux.Finalement, Canalweb a vécu au rythme des ambitions financières de ses actionnaires. Si c’était à refaire, relèveriez-vous des fonds auprès de capital-risqueurs ?Non, on ne prendrait pas de capital-risqueur. Nous nous sommes lancés avec quatre actionnaires fiables [Pierre Bergé, Oléron Participations, Dominique Louis, et le Groupe Sud-Ouest, NDLR] et une quarantaine d’employés.Votre projet ne serait-il pas né trop tôt ? Même aujourd’hui, le haut débit n’en n’est qu’à ses débuts ? Quand nous avons créé Canalweb en juillet 1997, tout le monde pensait que le haut débit se généraliserait rapidement. A ce moment, l’argent coulait à flots, et nous avions la possibilité d’être le premier entrant sur le marché.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.