L’organisation du pôle EADS Telecom ne brille pas par sa simplicité. Pourquoi cette complexité ?Notre objectif est de fournir des technologies télécoms civiles dans les domaines de la défense et de la sécurité. Un marché estimé à 10 milliards d’euros, beaucoup plus stable que le marché purement civil et qui croît de 10 % à 15 % par an. Le c?”ur du dispositif est constitué par la division Defense & Security Networks d’EADS, détenue à 55 % par EADS et à 45 % par Nortel, renforcée par des filiales d’EADS et de Nortel, apportant chacune ses compétences dans des domaines spécifiques (voir infographie ci-dessous). Le pôle couvre donc l’ensemble des technologies civiles en matière de gestion de clés et d’algorithmes de cryptage, de sécurité, de pare-feu, de réseaux privés virtuels, de détection d’intrusion, de déploiement des réseaux IP. C’est une organisation très homogène qui a été constituée. Pour cimenter le tout, nous allons lancer le nom de Connexity pour désigner les produits de notre gamme.Dans cette organisation, on retrouve l’incontournable Nortel, partenaire de Matra depuis dix ans. Pourquoi ne pas avoir essayé d’en changer et d’amener un peu de sang neuf ?Nous ne sommes pas dans une logique de projet, mais dans celle de développement industriel. Un projet est une alliance de circonstance. Les partenaires retrouvent leur liberté dès que l’objectif est atteint. Dans notre cas, nous préférons jouer sur la durée. Nortel compte parmi les deux ou trois plus grands constructeurs de matériel mondiaux et chaque partenaire y a trouvé jusqu’à présent son compte. Matra a pu profiter des apports technologiques de Nortel et ce dernier a eu accès au marché français. Ce duo a bien fonctionné. Il n’y avait aucune raison de ne pas le prolonger. L’accord technologique avec Nortel a d’ailleurs été reconduit pour dix ans encore.Dans cette nouvelle organisation, ne risquez-vous pas d’être en concurrence avec Nortel ?Nortel se recentre sur les opérateurs, tandis que nous visons les domaines de la défense et de la sécurité, donc des secteurs plus institutionnels. Bien sûr, à la marge, il peut y avoir des recouvrements. Mais ces cas devraient être largement minoritaires.Alors quels sont vos véritables concurrents ?Ils ne se recrutent pas, en général, parmi les constructeurs télécoms traditionnels comme Alcatel ou Ericsson. En fait, ce sont les grands intégrateurs américains, comme Raytheon, TRW ou General Dynamics. En France, nous sommes évidemment en concurrence avec un acteur comme Thales (ex-Thomson CSF), mais notre spectre est plus large.Combien EADS Telecom pèse-t-il aujourd’hui et quels sont vos objectifs ?Nous tablons cette année sur un chiffre d’affaires de 860 millions d’euros et nous employons environ 3 500 personnes dans onze pays. L’objectif est de dépasser le milliard d’euros en 2003. L’Europe de l’Ouest représente plus de 70 % de nos ventes et l’Amérique du Nord environ 11 %. Ce sont les deux marchés clés et nous les contrôlons en direct, ce qui n’exclut pas des accords avec des intégrateurs dans le cadre de certains contrats. En revanche, pour le reste du monde, nous avons recours à des partenaires, comme Telefonica, très présent en Amérique du Sud, et Siemens, très actif notamment en Asie. Nous allons également acheter un intégrateur appartenant actuellement à Nortel.Jadis, les technologies militaires étaient adoptées par le secteur civil. Aujourd’hui, c’est le contraire. Signe des temps ?C’est vrai, l’heure est aux économies. Bien sûr, dans les secteurs stratégiques, les développements purement militaires restent de mise. Mais ailleurs, les administrations de défense n’hésitent pas à avoir recours aux technologies civiles, aux produits sur étagères qui sont moins chers. C’est évidemment notre pari.
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