Jacques Cornelis travaille au sein de CIMdata, un cabinet de conseil et d’analyse international spécialisé dans le PLM (Product Lifecycle Management). Il évoque la manière de mieux exploiter le potentiel
des logiciels liés à l’usine numérique.Quels logiciels le concept de PLM recouvre-t-il ?
Nous distinguons les outils qui créent les données ?” conception assistée par ordinateur (CAO), calcul, publication… ?” et ceux qui les gèrent ?” bases de données, workflow, configuration, gestion
documentaire, gestion de contenu, visualisation, collaboration, gestion de programmes, etc. Nous appelons cette deuxième catégorie CPDM, ou Collaborative Product Definition Management.Cette gestion des données techniques devient-elle vraiment accessible aux PME ?
Les outils de CAO se sont largement répandus dans les PME, où il existe un fort potentiel de croissance pour les logiciels de CPDM. Les éditeurs, tels PTC ou Dassault Systèmes, leur soumettent donc des solutions à des prix adaptés,
proposant les meilleures pratiques sectorielles et des configurations plus rapides à mettre en ?”uvre.
Le CPDM va percer dans les PME. En particulier chez les sous-traitants des grands donneurs d’ordres, auxquels ces derniers disent, par exemple : ‘ Nous utilisons la solution de Matrixone, donc
prenez-la. ‘ Mais si les PME-PMI veulent garder une indépendance dans leur savoir-faire, elles doivent, elles aussi, adopter une approche stratégique PLM.La gestion des projets et des portefeuilles de produits sera-t-elle incorporée aux offres ?
Jusqu’ici, ces deux domaines ont été mal couverts et les offres en général peu intégrées dans une approche PLM. De même, on voit peu de logiciels de gestion des exigences. La gestion de projets ?” également appelée gestion de
programmes ?” a de l’avenir. La gestion des portefeuilles de produits décrit comment et à qui on veut les vendre. Cela a un lien avec la gestion commerciale.La conception du processus de fabrication prend-elle assez en compte la définition du produit ?
Le potentiel des logiciels d’ingénierie des processus de fabrication ?” l’usine numérique ?” est à exploiter. Les industriels doivent les intégrer à leur CAO et à leur gestion de données techniques. Dans le secteur de
l’usine numérique, Dassault Systèmes et UGS dominent. Ce dernier disposait déjà d’une offre et il vient de racheter Tecnomatix. Avec les solutions Metaphase et Sherpa, il détient désormais la plus grande base installée de gestion de données
techniques en nombre d’utilisateurs.
Même la construction des usines, tant pour les industries de process continu, comme la chimie ou l’agroalimentaire, que pour les industries manufacturières est concernée par la définition du produit et de la chaîne de production. Les
outils utilisés pour les concevoir, tels ceux d’Intergraph, d’Aveva, d’Autodesk ou de Bentley, doivent donc être pris en compte dans une approche PLM.Ne rencontre-t-on pas le même problème pour la maintenance d’un produit ou d’une installation ?
J’ai l’exemple d’un constructeur d’ascenseurs qui a vu la valeur ajoutée de son métier se déplacer vers la maintenance. Il a réagi de façon stratégique, construisant sa réponse à partir de sa gestion de données techniques. Cela de
manière à ce que ses équipes sur le terrain disposent d’informations justes et précises. Une opération de maintenance dans une centrale nucléaire se prépare également à partir de la description de l’existant. EDF a développé à cette fin ses propres
outils.
Dans un autre domaine, pour exploiter les usines ou les infrastructures, les industriels utilisent en général des outils de gestion de maintenance assistée par ordinateur. Mais, pour le moment, ces derniers constituent un monde à part.
Par ailleurs, la fin de vie des installations, pose un vrai problème. Par exemple, démonter une plate-forme pétrolière coûte aussi cher que la monter. Il faudra intégrer cette dimension. On n’en est pas encore à ce stade dans l’approche PLM. En
somme, la partie aval du cycle de vie du produit constitue un fort potentiel de développement tant en termes d’offre que de demande.Quels autres axes de progrès prévoyez-vous ?
L’intégration du calcul numérique et de la CAO est loin d’être effective dans les entreprises. Pour la conception de l’A380, elle a représenté une grosse opération et imposé une remise à plat des processus entre les différents pays
leaders du programme. L’approche par processus pour exploiter les environnements collaboratifs reste, elle aussi, à améliorer.
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