Jack Ma, le fondateur d’AliBaba, est un Ovni des high-tech. Ex-professeur d’anglais, il a réussi l’exploit de créer la plus importante entreprise Internet de la planète. Comme il le dit, il s’agit de servir le milliard d’internautes chinois. Dans une biographie publiée en Chine, il est présenté comme un « esprit pionnier au service des besoins populaires ». Aux Etats-Unis, la presse le présente comme celui qui a « changé la vie des chinois ».
Il a créé Alibaba en 1999. Aujourd’hui, cette plateforme de commerce en ligne qui s’inspire à la fois d’eBay et d’Amazon, référence quelque 800 millions de produits et sert 500 millions de clients. Sur les 16 millions de colis livrés quotidiennement en Chine, plus de 10 millions ont été commandés sur ses sites.
Discret, voire secret, sur ses affaires, ce quinquagénaire est à la tête d’une fortune estimée à 3,4 milliards de dollars. En 2013, il a quitté la direction générale de son groupe pour prendre la présidence du conseil d’administration. Il reste tout de même l’emblème du groupe grâce à un charisme hors du commun.
Son crédo est la culture de la différence. Cette méthode rappelle le Think Different de Steve Jobs. Lors d’un discours à ses salariés, le dirigeant martelait cette stratégie : « si nous ressemblons à tout le monde, qui se souviendra de nous ? »
Un documentaire sur le « Crocodile du YangTsé »
Son management peut aussi faire penser au fondateur d’Apple, le mauvais caractère en moins. Il taquine ceux qu’il apprécie et les incite à prendre des risques et même à se tromper. « Je vous pardonnerai si vous faites des erreurs, mais je serai impitoyable si vous ne faites rien », lance-t-il à ceux qu’il recrute.
Porter Erisman est l’un d’eux. Recruté en quelques minutes par Ma, il a depuis quitté le groupe asiatique. Il vient de lui consacrer un documentaire intitulé « Le Crocodile du YangTsé » qui sera visible sur Internet dans les jours qui viennent. Pour Erisman, John Ma, que ses employés surnomment « Crazy Jack » est devenu un mythe dans son pays. Lors d’un show de présentation en Chine devant des milliers de personnes qui scandaient le nom de son site, il est arrivé en dirigeable vêtu comme une rock star… des années 80.
Mais, comme le signale Erisman, il est aussi à l’aise dans le succès que dans les problèmes. En 2000, à Berlin, il devait présenter son groupe lors d’une conférence Internet devant une salle de 500 places presque vide. « Ça ne l’a pas perturbé. Il a prononcé un discours de 45 minutes aux quelques personnes présentent. Quand il a quitté la scène, il m’a dit: « Tu verras, la prochaine fois que nous reviendrons ici , ce sera complet ».
Pour le réalisateur du documentaire, cet optimisme est caractéristique du personnage. « Dans les moments difficiles, beaucoup peuvent se décourager. Jack, au contraire, trouve de l’énergie dans ces situations. »
Le jeune milliardaire explique qu’il cultive cette attitude zen dans la pêche à la ligne et les arts martiaux. Lors de son retrait de l’opérationnel d’Alibaba, il a créé une école de Tai Chi Chuan avec l’acteur Jacky Chan.
Jack Ma se contentera-t-il de changer la vie des chinois ? Pas sûr. Avec l’entrée en bourse d’Alibaba, il risque désormais de vouloir changer celle des américains et des européens. Les géants américain de l’Internet vont devoir lui faire une place.
Source : Wall Street Journal.
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