“J6M.com” démissionné, Jean-Marie Messier s’incarne désormais en Méphisto des affaires. On en appelle à Bercy, à la COB, voire à la SEC. Jusque dans les travées parlementaires, on s’émeut de l’empreinte qu’il laisse dans “des opérations jetant le doute sur les comptes”. L’évocation d’indemnités semble extravagante, tout comme la demande d’immunité. Mais cet emportement vertueux n’arrive-t-il pas trop tard ?L’opprobre jeté sur ce grand patron ne masque-t-il pas une relative impuissance face à la foire d’empoigne économique mondiale ? Car, avec Vivendi Universal, c’est moins la gestion personnelle d’une entreprise qui est en cause que la faiblesse coupable d’un manager face à la pression des marchés. Lorsque la Bourse a exigé une e-stratégie, Jean-Marie Messier s’est largement plié à l’injonction. D’où des investissements sans limites sur internet. Ifrance, le site de communauté de Marc Simoncini, racheté par Vivendi plus de 150 millions d’euros en avril 2000, a généré l’année dernière moins de deux millions de chiffre d’affaires. Au sein du groupe, les activités internet n’ont cessé d’être ballottées au gré des modes du moment. En deux ans, Canalnumédia, l’ex-filiale de Canal Plus, a changé trois fois de président, et autant de fois de tour de table et de stratégie commerciale.
En 2001, le Crédit lyonnais a évalué les pertes de Vivendi dans ce secteur à 574 millions d’euros, lorsque celles de Canal Plus avoisinaient “seulement” 374 millions. Certains patrons, comme Martin Bouygues ou Serge Weinberg (PPR), ont su résister. La faute de Messier : avoir fait croire qu’il avait une vision stratégique, alors qu’il n’était que le clerc des marchés. La Bourse la congédié.
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