Le serveur d’applications est l’une des pierres angulaires sur lesquelles sont bâties les nouvelles infrastructures, au même titre que le SGBD. Le marché de ces outils est en pleine croissance, et la furieuse bataille qui oppose les différents éditeurs, et tout particulièrement les deux leaders BEA et IBM, montre à elle seule où se situe désormais le centre de gravité des systèmes d’information. Le succès de Java en tant que plate-forme de développement et de déploiement a poussé de nombreux acteurs à adopter J2EE (Java 2 Enterprise Edition) et les différents standards qui en découlent. Les serveurs conformes à ce standard représentent désormais la majorité de ces systèmes.Signe de maturité, de nombreux éditeurs d’applications de commerce électronique, comme Ariba, ATG, Broadvision ou Intershop, qui avaient souvent développé leur propre serveur, ont ouvert leurs applications à des serveurs d’applications tiers, dans la liste desquels BEA et IBM figurent en bonne place. Joseph Chung, cofondateur d’ATG, explique ainsi que “la polarisation du marché autour de deux offres principales nous oblige à nous concentrer sur notre véritable valeur ajoutée, c’est-à-dire les modules progiciels de niveau supérieur : la personnalisation, la gestion des approvisionnements, les outils marketing, etc. Même si nous continuons à développer notre serveur Dynamo”.
Un important effort de R&D
De fait, l’extension permanente du standard J2EE, avec l’ajout de fonctions de base pour l’accès aux données (JDO), l’intégration interapplications (JCA) ou encore les communications asynchrones (JMS), impose un effort de R&D que seuls les plus gros éditeurs semblent capables d’assurer à long terme. Pour autant, le serveur d’applications va-t-il devenir une “ commodité” , un composant intégré à une solution globale comprenant également la machine et le système d’exploitation ? Certains indices pourraient le laisser penser.Le lancement de la version 4 de Websphere s’est accompagné d’importantes baisses de tarifs, tandis que de petits éditeurs proposent des serveurs à prix véritablement cassés : celui de InQMy, la filiale spécialisée de SAP, par exemple, est affiché à moins de 800 dollars par processeur, là où les principaux éditeurs demandent entre 8 000 et 15 000 dollars, suivant les versions. Par ailleurs, les distributions Linux comprennent en général des outils professionnels “ open source” pour le développement, le déploiement, la gestion de données avec MySQL, et des serveurs web (Apache), et de plus en plus fréquemment un ou même plusieurs serveurs d’applications. Pourtant, nous sommes encore loin de la banalisation, selon les éditeurs. Ainsi, Sun, qui avait annoncé l’intégration du serveur maison iPlanet à son OS Solaris, a dû faire machine arrière.
Un problème de support et non de prix
“Le problème, quand c’est gratuit, c’est que les produits ne sont pas ou mal supportés. Si le serveur d’applications devient stratégique, la principale question ne sera pas celle du prix, mais celle du support. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Linux doit se professionnaliser. Mais quelle assistance peut-on attendre sur un serveur d’applications “freeware” ? s’interroge Pierre-Olivier Chotard, chez BEA. Si l’on définit le serveur d’applications comme il y a deux ou trois ans, on peut envisager qu’il devienne une brique comme une autre dans l’infrastructrure de base. Mais si l’on tient compte des évolutions qu’apporte le consortium Java, comme JCA par exemple, le serveur d’applications doit évoluer au rythme des ajouts de fonctionnalités. Comme les besoins évoluent en permanence, il faut le réadapter à l’architecture du client.”Patrice Poiraud, directeur marketing de la division Software d’IBM France, abonde dans ce sens : “Il est clair que le serveur d’applications, et le middleware en général, prennent une position de plus en plus centrale dans les systèmes d’information. De là à le banaliser, il y a toutefois un fossé. La standardisation autour de J2EE pousse, certes, à une sorte de banalisation, mais il y a de nombreux autres critères de choix, souvent plus importants : pérennité, support technique et, surtout, les applications disponibles.” Pour Bruno de Combiens, chez Borland, J2EE ne représente qu’une partie de la question, et la définition du serveur d’applications reste encore à conclure. “Bien sûr, tout le monde est à égalité ou presque en ce qui concerne la plate-forme Java, explique-t-il. Toutes les offres proposent HTML, Java et les Servlets. Mais les utilisateurs accaparant la technologie vont s’apercevoir qu’il ne s’agit pas que de cela et qu’ils sont en train de créer un îlot web. Il y aura donc une deuxième phase, où l’on réfléchira à la façon d’intégrer les clients natifs, au sein même de l’entreprise. Pour cela, nous considérons que Corba est incontournable.” Du reste, les éditeurs renforcent leurs catalogues respectifs de composants de base destinés à faciliter le développement d’applications métier. Ainsi BEA propose, d’un côté, des modules de personnalisation, de gestion de campagne, et de l’autre, des interfaces d’intégration avec les applications d’entreprise. “Nous proposons deux modules complémentaires à Weblogic, explique Pierre-Olivier Chotard. L’un pour la création de portails, et l’autre pour l’EAI, basé sur JCA. Mais ce sont davantage des boîtes à outils que des applications clés en main. Nous travaillons beaucoup avec Mediapps sur les portails, mais leur produit peut être directement installé, alors que le nôtre est davantage destiné à faciliter le développement.”
Java doit pouvoir tenir toutes ses promesses
IBM propose, quant à lui, différents types d'”accélérateurs“, pour la collaboration et le commerce interentreprises, la personnalisation, la gestion de contenu, ainsi que des services de déploiement pour la gestion du cycle de vie ou la définition de politiques de sécurité.Oracle, qui dispose désormais avec 9iAS d’un serveur d’applications de bon niveau, séduit d’ailleurs en raison de l’intégration de celui-ci avec sa suite de progiciels. Pour autant, il est nécessaire de ménager la grande promesse de Java, c’est-à-dire l’interopérabilité des différents modules. Sur un plan stratégique, les éditeurs font surtout la course aux grands intégrateurs, constatant que les choix d’infrastructure, pour les entreprises, sont souvent confiés à ces partenaires incontournables.
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