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J. v. Tetzchner (Vivaldi) : « Le succès de Chrome s’explique par sa distribution »

Lancé il y a un mois, le navigateur Vivaldi veut se faire une place sur un marché de plus en plus dominé par Google. Jon von Tetzchner, le PDG de l’entreprise, nous explique ses choix et nous détaille ses ambitions.

Co-fondateur d’Opera, Jon von Tezchner s’est de nouveau lancé dans la bataille des navigateurs avec sa société Vivaldi. Nous l’avons rencontré lors d’un de ses passages à Paris.

Votre nouveau navigateur est disponible depuis un mois. Quels sont vos premiers retours?

Nous comptons plusieurs millions de téléchargements de Vivaldi depuis sa version alpha, et nous approchons le million d’utilisateurs actifs par mois. Ce qui est un très bon début. Sur le plan qualitatif, les retours sont fantastiques. Quand je lis ce que les utilisateurs écrivent sur Vivaldi dans les forums, dans les blogs ou sur Twitter, le mot que je vois le plus souvent est « j’aime ». Donc je pense que notre stratégie de donner aux utilisateurs un maximum de fonctionnalités et d’options de personnalisation est la bonne. Il faut que le produit s’adapte à l’utilisateur et non l’inverse. Il y a toujours de multiples façons de faire les choses et les utilisateurs doivent pouvoir choisir celle qui leur convient le mieux.

Si c’est la bonne stratégie, pourquoi vos compétiteurs ne font-ils pas la même chose ?

C’est d’abord une question de design. Les éditeurs veulent toujours avoir de beaux produits, et une manière simple d’y arriver est de supprimer les fonctionnalités les moins utilisées. Mais il y a aussi des raisons économiques. Certaines fonctionnalités ne cadrent pas forcément avec le modèle économique de l’éditeur. Microsoft et Google, par exemple, veulent favoriser l’usage de leurs moteurs de recherche. Une navigation sans recherche n’est pas dans leur intérêt, ce qui explique peut-être pourquoi la fonctionnalité de marque-page n’est pas tellement mise en avant dans leurs produits. Mais pour un internaute, il est très utile d’avoir des marque-pages et de pouvoir changer facilement de moteur de recherche.

Pourtant, au niveau du modèle économique, vous n’êtes pas très différent. Vous aussi proposez un moteur de recherche par défaut…

C’est vrai, le moteur de recherche par défaut est une importante source de revenus pour nous, mais ce n’est pas la seule. Notre navigateur propose également une série de marque-pages par défaut en fonction du pays, tels que Vente Privée, eBay ou Booking.com. Mais quoiqu’il en soit, nous pensons que l’intérêt de l’utilisateur doit rester prioritaire.

Chrome est désormais premier sur le marché des navigateurs, Firefox est en recul, Opera se montre très agressif. De nouveaux acteurs apparaissent, comme Vivaldi ou Brave. Est-ce le début d’une nouvelle guerre des navigateurs ?

Je pense que le grand changement qui a eu lieu, c’est le lancement… de Vivaldi. Brave a fait son annonce après la nôtre. Et j’ai l’impression que les nouvelles fonctionnalités d’Opera arrivent également en réaction à Vivaldi. C’est ce qui se passe quand vous avez un peu de compétition dans un marché. Le navigateur Web est l’un des logiciels que nous utilisons le plus tous les jours. C’est une bonne chose qu’il y ait de l’innovation dans ce domaine et de pouvoir proposer des choix différents aux utilisateurs.

Mais au niveau technologique, c’est plutôt l’inverse qui se passe. De plus en plus de navigateurs adoptent Blink, le moteur de rendu de Chromium. Vous aussi avez fait ce choix. Pourquoi ?

Avec 35 personnes, nous n’avons pas les moyens de créer notre propre moteur de rendu. Il fallait donc en choisir un qui existe déjà. Le moteur de Chromium est actuellement celui qui rassemble le plus de soutiens dans le marché. Il est intégré par plusieurs navigateurs et bénéficie par conséquent de beaucoup d’efforts au niveau du développement. Gecko, le moteur de Firefox, est à l’inverse dans une phase de transition.

Blink représentait donc pour nous le pari le moins risqué sur le long terme. Mais sur le fond, c’est vrai que cette concentration réduit l’esprit compétitif et abaisse l’innovation. Ce n’est pas non plus une très bonne chose qu’un logiciel aussi important qu’un moteur de rendu de navigateur soit contrôlé par une seule entreprise. Lorsque j’étais chez Opera, nous avions notre propre moteur de rendu, Presto. C’était du bon code, mais l’entreprise n’a plus voulu y investir. C’est dommage.

Pourquoi Chrome a-t-il autant de succès ?

C’est un très bon navigateur, mais la raison principale se trouve dans la distribution. Quand vous téléchargez Flash Reader, par exemple, Adobe vous propose Chrome si vous ne l’avez pas déjà. Tous les grands éditeurs de navigateurs ont noué des accords commerciaux de ce type, qui nécessitent beaucoup d’investissements. C’est évidemment hors de portée pour nous. C’est pourquoi nous nous concentrons sur le bouche à oreille.

Télécharger:

Vivaldi pour Windows
Vivaldi pour Mac OS X
Vivaldi pour Linux

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Par : Opera

Gilbert KALLENBORN