Le Nouvel Hebdo : Vous allez bientôt fêter le premier anniversaire de votre association. Quand livrerez-vous un premier bilan de votre action ?Isabelle Falque-Pierrotin : Le rapport sur la première année d’activité du Forum des droits sur l’Internet sera rendu public début juin.L’une des missions du Forum est de réunir des groupes de travail thématiques. Quand rendront-ils leurs premières conclusions ?En décembre 2001, le Forum a rendu publique une recommandation sur la conservation des données de connexion. Certains groupes finalisent actuellement leurs conclusions : celui consacré à Internet et aux relations du travail rendra son rapport final en juin. Les cinq centrales syndicales, ainsi que l’Afep [Association française des entreprises privées, NDLR] et le Medef, ont déjà été auditionnés. Depuis le 28 février, les internautes peuvent transmettre et échanger sur nos forums leurs observations sur le rapport intermédiaire du groupe. En septembre, nous aurons les conclusions du groupe qui traite des téléprocédures. Et c’est aussi à l’automne que nous livrerons nos propositions sur l’usage des liens hypertextes. Dans les six mois à venir, nous allons plancher sur les modes alternatifs de règlement des conflits, afin de formuler des propositions permettant de développer ces procédures. Vous avez constitué, en outre, un groupe de travail sur la place du Net dans la campagne électorale…Oui, les experts des différents partis ont commencé à se réunir fin avril au sein du Forum.N’est-ce pas un peu tard pour l’élection ?Les litiges éventuels liés à la webcampagne sont plus susceptibles d’intervenir dans le contexte des élections législatives que dans celui de la présidentielle. L’objectif est d’adapter de façon consensuelle le code électoral, mais aussi de pouvoir offrir un cadre de référence en cas de saisie des juges après les élections. En quoi consiste la convention que vous vous apprêtez à signer avec le ministère de l’Éducation nationale ?L’une de nos missions pourrait se définir en anglais par la notion de public awareness. C’est-à-dire, tout à la fois développer l’audience autour d’Internet et faire passer l’idée selon laquelle le réseau n’est pas un espace dépourvu de règles, que chacun est un acteur de sa civilité. Le milieu scolaire est idéal pour cela. Nous allons donc commencer par transmettre aux différentes directions de l’Éducation nationale une part importante du contenu juridique de notre site afin d’enrichir la documentation sur la question des droits et des devoirs sur internet. Nous allons ensuite lancer, en partenariat avec le ministère, une expérimentation destinée à tester la mise en place d’une éducation à la civilité des réseaux. Par quoi se traduira-t-elle de la façon la plus efficace ? Un CD-Rom, des conférences, un site internet dédié ? L’expérimentation nous le dira. Notre objectif est de débuter une phase de test dès la rentrée prochaine avec une vingtaine d’écoles, collèges et lycées.Comment comptez-vous faire progresser l’audience du site du Forum, qui reste aujourd’hui très basse ?Notre site [ www.foruminternet.org] est un site de référence reconnu auprès des spécialistes après dix mois d’existence. Certes, ce n’est pas assez. Le débat doit s’élargir à un plus large public. Nous allons donc nous mettre en relation avec différents médias pour leur proposer de mettre en place des liens spécifiques avec nos pages Web. Nous sommes également en contact avec plusieurs organes de presse grand public pour réaliser une sorte de chronique régulière, très pédagogique, sur toutes les questions juridiques liées à internet. Il ne faut pas hésiter à sortir de la toile pour aller à la rencontre des citoyens : c’est la seule manière que chacun s’approprie le réseau des réseaux. C’est la raison pour laquelle nous allons aussi organiser dans les prochains mois, et autour du sujet spécifique de l’administration électronique et du citoyen, des rencontres à travers toute la France afin de susciter le dialogue. Internet ne doit plus se limiter à un public d’experts. Pensez-vous que la création d’un ministère consacré aux nouvelles technologies de l’information et de la communication soit souhaitable ?Oui. Le choix par le gouvernement de Lionel Jospin de placer, de 1997 à 2001, un conseiller NTIC à Matignon, et de lui adjoindre des relais dans chacun des cabinets ministériels, correspondait bien à la phase de démarrage d’Internet dans l’administration. Une fois passée cette période d’initiation et de sensibilisation, il est indispensable de donner désormais un poids politique supplémentaire à cette matière. Il pourrait s’agir d’un ministère ou un secrétariat d’État dédié aux technologies, rattaché à Bercy voire au ministère de la Culture.Quelle est votre priorité dans les douze mois à venir ?Le Forum doit absolument ” s’européaniser “. La demande très nouvelle que nous représentons ne pourra se développer que si nous réfléchissons à l’échelle européenne. Nous avons d’ailleurs déjà des contacts en Italie, avec l’équivalent du CSA [Conseil supérieur de l’audiovisuel], et en Grande-Bretagne.
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