A quoi va servir le protocole IPv6 ?
C’est la réponse à la pénurie d’adresses Internet qui se profile. Sur le Web, les équipements (PC, routeurs, etc.) sont chacun identifiés par une adresse IP (Internet Protocol). Le protocole IPv4, défini en 1981 (alors que le Web n’existe pas encore), code ces adresses sur 32 bits. Cela offre près de 4,3 milliards de possibilités, qui seraient sur le point de s’épuiser en raison de l’explosion des terminaux raccordés au réseau mondial.
Malgré quelques artifices techniques permettant de retarder l’échéance, certains experts estiment que la pénurie pourrait commencer dès la fin de l’année. IPv6 (version 6 du Protocole Internet) étend le système d’adressage à un codage sur 128 bits, soit 340 milliards de milliards de milliards de milliards d’adresses (sic). De quoi voir venir. Parallèlement le protocole IPv6 corrige certains défauts de son aîné, améliore les performances et anticipe les futures fonctionnalités du réseau.
A quoi ressemble une adresse IPv6 ?
Le nouvel adressage abandonne la notation décimale (base 10) pour adopter l’hexadécimal (base 16, chiffres de 0 à 9 et lettres de A à F). Une adresse IPv6 comprend 39 caractères, répartis en 8 groupes séparés par le caractère deux points. Concrètement, une adresse IPv6 ressemble à 2001:0db8:0000:85a3:0000:0000:ac1f:8001. Quand IPv4 se contente de 16 chiffres : 216.239.32.0.
Qu’est-ce ça va changer pour vous ?
Pour les particuliers, IPv6 ne va pas changer grand-chose. Mais cela pourrait devenir un problème si le basculement vers ce nouveau protocole ne se déroulait pas correctement. Que devez-vous craindre ? Des problèmes d’accès à certains sites, des difficultés à communiquer, des lenteurs de navigation, etc. L’intégration d’IPv6 est un problème technique qui incombe à tous les acteurs de l’Internet, pas seulement aux administrateurs de sites. Les utilisateurs devront s’assurer que système d’exploitation et logiciels sont compatibles. Ce qui est le cas de la plupart. Et les fournisseurs d’accès doivent adapter leurs équipements (routeurs d’accès, cœur de réseau…), y compris les box. Free a commencé à convertir son parc dès 2007.
Deux adresses pour tester la compatibilité IPv6 : ipv6test.google.com et test-ipv6.com
Que devait-il se passer à la Journée mondiale d’IPv6 ?
Organisée par l’Internet Society (Isoc), la Journée mondiale de l’IPv6 se déroule ce mercredi 8 juin, avec l’objectif de tester grandeur nature ce nouvel adressage. Plusieurs centaines d’acteurs ont accepté de se prêter au jeu afin d’identifier d’éventuels problèmes. Akamai, Cisco, Facebook, Google, Yahoo!… les poids lourds y participent avec les internautes. C’est la première fois que l’adressage IPv6 fera l’objet d’une utilisation sur une telle échelle, afin de s’assurer que tous les maillons de la chaîne (de la box au site Web) sont compatibles.
Pouvait-on se passer d’IPv6 ?
Présenté par certains comme un impératif, le déploiement d’IPv6 ne fait pas l’unanimité. Certains spécialistes estiment qu’il est possible de vivre avec IPv4 de nombreuses années encore, en réattribuant des adresses inutilisées, ou encore en exploitant les possibilités de la translation d’adresses (NAT) qui permet d’attribuer des identifiants locaux (comme c’est le cas sur les réseaux domestiques, derrière une box). Les partisans d’IPv6 estiment pour leur part que cela ne ferait que repousser le problème. Le coût de l’infrastructure IPv4 et du déploiement de nouveaux services ne ferait qu’augmenter au fil des ans. Par dessus tout, ce protocole vieillissant serait un frein à l’innovation.
Quand va-t-on basculer vers IPv6 ?
Il n’y aura pas de jour J pour passer à IPv6. Le déploiement du nouveau protocole a commencé il y a plusieurs années dans les logiciels et dans les équipements réseau. Les protocoles IPv4 et IPv6 sont amenés à cohabiter un certain temps. La transition prendra des années.
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