En matière de lutte contre l’IPTV illégale, l’Italie a mis les gros moyens sur la table. Le pays a mis en place avec le « Piracy Shield » un dispositif anti-piratage très contraignant, qui oblige les opérateurs internet à bloquer l’accès aux contenus piratés dans les 30 minutes après signalement par les ayants droit. Et on ne parle pas que des fournisseurs d’accès : les résolveurs DNS sont également dans la nasse.
Google piégé par le « bouclier anti-piratage » italien
Un opérateur DNS est un service chargé de traduire les noms de domaine (comme « google.com ») en adresses IP compréhensibles par les ordinateurs, permettant ainsi l’accès aux sites internet. Google en fait justement partie avec son service de DNS publique, qui permet de résoudre les noms de domaines rapidement (8.8.8.8 et 8.8.4.4). Ces serveurs sont très populaires car ils offrent généralement des performances élevées, une bonne stabilité et une protection contre certaines attaques informatiques.
Puisque Google est un opérateur DNS, il doit respecter le Piracy Shield italien. C’est la conclusion du tribunal de Milan, qui après une plainte de la Serie A (l’équivalent italien de la Ligue 1) a exigé que le géant du web « empoisonne » ses DNS publiques pour bloquer l’accès aux sites proposant du contenu illicite et des retransmissions sportives piratées.
La décision a été prise unilatéralement, sans audition préalable de Google ! Cette démarche, baptisée « inaudita altera parte » en latin, ce qui signifie littéralement « sans entendre l’autre partie », est exceptionnelle. Le tribunal l’a prise en raison du caractère supposément urgent et évident des infractions reprochées.
La justice italienne a estimé que les preuves apportées par les plaignants étaient suffisamment solides et que les conséquences du piratage nécessitaient une réaction rapide, justifiant ainsi de se passer temporairement de la défense de Google. Les plaignants étant la Serie A et l’AGCOM, le régulateur des communications.
Google aura cependant l’occasion de défendre sa position lors d’une audience à venir. Ce sera certainement l’occasion de rappeler le caractère draconien du « bouclier contre le piratage » : l’an dernier, les fournisseurs d’accès italiens avaient brièvement bloqué tout le domaine Google Drive parce qu’une personne y avait partagé du contenu protégé. Les millions d’utilisateurs légitimes du service en ont été privés pendant plusieurs heures.
En décembre dernier, ce même tribunal avait ordonné à Cloudflare de bloquer l’accès à des sites diffusant illégalement des matchs de foot. En France aussi, les ayants droit s’attaquent aux DNS. Canal+ en particulier est très virulent sur ce dossier et a obtenu de la justice le blocage des DNS vers des sites de streaming.
Lire 3 ans de prison, 300 000 euros d’amende : voilà ce que risqueraient bientôt les pirates de l’IPTV
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source : TorrentFreak