Un doute rampant. Une question qui s’immisce et rend plausible ce qu’on ne voulait pas croire envisageable. La décision d’Apple de brider la puissance de ses smartphones aux batteries vieillissantes pour assurer le confort présumé des utilisateurs n’est en soi pas mauvaise. En revanche, en la taisant, en n’offrant pas le choix à l’utilisateur, la société de Tim Cook s’est enfoncée, sans s’en rendre compte peut-être, dans le marigot du doute.
Cette erreur manifeste de jugement et de communication remet en pleine lumière les suspicions d’obsolescence programmée. La pire des stratégies dans un monde où les consommateurs citoyens veulent concilier consommation de produits de masse et conscience écologique. La pire des stratégies dans une relation aux consommateurs largement basée sur la confiance. Sans même à aller jusqu’à dire qu’une société éco-responsable comme prétend l’être Apple devrait faciliter et encourager le changement des batteries pour améliorer la durabilité de ses produits.
Combien d’entre nous choisissent Apple parce que ses produits sont fiables et performants ? « It just works », ça fonctionne et on ne peut pas en dire autant de tout. Ca fonctionne et pour longtemps. Il suffit d’observer la valeur des smartphones de seconde main toutes marques confondues pour constater que les iPhone valent plus, plus longtemps. Tout cela parce qu’Apple a, jusque-là, la réputation de vendre des produits qui tiennent sur la longueur.
En agissant dans le dos de ses fidèles consommateurs, Apple oublie que leur première liberté est le choix. Le choix d’aller voir ailleurs, le choix de changer sa batterie, ou encore le choix de changer de smartphone. En bridant les iPhone sans le dire, Apple oriente ce choix. Est-ce une marque d’arrogance, une gestion anticipée de crise potentielle, une course au profit pour inciter les consommateurs à acheter à nouveau et plus vite ? Le doute est désormais possible. En privant le client de son choix Apple se défait de ses atours idéels et mercatiques, ceux-là même qui encouragent une certaine loyauté. Il court le risque de devenir un vulgaire vendeurs de smartphones.
Une fois ce premier pas franchi, d’autres viendront-ils ? Comme dans un jeu de domino, faut-il s’inquiéter que la position forte du géant de Cupertino sur la protection de nos données personnelles ne puisse connaître quelques arrangements tus pour notre bien-être supposé ? La paranoïa devient générale quand on commence à se demander si les autres fabricants de smartphones et autres produits high tech équipés de batterie ne connaissent pas le même souci et appliquent en secret la même méthode.
Steve Jobs avait coutume de dire que les consommateurs ne savaient pas ce qu’ils voulaient tant qu’on ne leur avait pas montré. Une certitude, en l’espèce, et la class action lancée aux Etats-Unis en est la preuve, on ne veut pas de ça.
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