« Doté de la dernière puce Apple pour iPhone, l’A15 Bionic, l’iPhone SE progresse en matière de puissance, d’autonomie, et de connexion, avec la 5G. Mais son facteur de forme est bien trop vieux, et implique trop de limites pour que sa hausse de prix soit acceptable. » Voici comment notre illustre confrère introduisait son test de l’iPhone SE (3ème génération) il y a trois ans.
Toute ressemblance avec un produit officialisé il y a quelques heures à peine ne serait… absolument pas fortuite. L’iPhone 16e est la quatrième tentative d’Apple en matière de smartphone plus accessible, mais est-elle vraiment différente des précédentes ? Ce passage de « SE » à « E » est-il le signe d’une nouvelle stratégie ou d’une nouvelle approche qui pourrait justifier qu’un smartphone dit abordable démarre au-delà des 700 euros ? Car c’est bien là le cœur du problème : le prix de l’iPhone fait réagir, comme d’habitude diront certains. Mais cette fois, les arguments semblent plus percutants et la comparaison avec le tarif de son prédécesseur, 160 euros moins cher au lancement, a de quoi interroger.
Le parallèle avec l’iPhone SE de 2022 et le constat qui en était fait n’est-il finalement qu’une coïncidence ? La recette de l’iPhone le plus abordable a-t-elle vraiment changé au fil des années ? Pour le savoir, nous avons replongé dans le passé de 01net.com et nous nous sommes arrêtés sur les tests des précédentes éditions ainsi que sur les données recueillies à l’époque par notre 01Lab. Nous les avons confrontées aux différents commentaires de chaque époque ainsi qu’à l’inévitable courbe d’évolution des prix.
Ce voyage dans la décennie écoulée peut-il permettre de mieux comprendre la logique d’Apple et de justifier un prix qui fait déjà beaucoup parler ?
10 ans d’iPhone SE, une seule recette ?
En presque 10 ans et quatre versions désormais, ce qui étonne avec l’iPhone SE, c’est une certaine cohérence dans l’analyse qui en a été faite à chaque lancement. Déjà pour la première version, notre confrère écrivait : « l’iPhone SE fait cohabiter du neuf avec du vieux ». Dès l’origine, les bases étaient donc posées, notamment en matière de design puisqu’il empruntait « son apparence et ses composants aux trois générations précédentes d’iPhone, les 5s, 6 et 6s ».
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C’est d’ailleurs sur l’aspect esthétique que la recette est la plus stable, puisque quatre ans plus tard, avec l’iPhone SE (2ème génération), nous résumions son design à un « copier-coller » de l’iPhone 8. Dès lors, il n’y donc rien d’étonnant à ce que la troisième itération reprenne à nouveau les traits de l’iPhone 8 et que ce tout nouvel iPhone 16e emprunte le châssis de l’iPhone 14.
Ce qui apparait également tout au long de la courte histoire du SE, c’est que ce design un peu daté a toujours été associé à une fiche technique relativement déséquilibrée. Excellent par endroits, notamment au niveau de la puce, le SE a toujours souffert de points faibles assez étonnants pour un smartphone à ce niveau de prix.
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Puce surpuissante, écran daté, mais encore ?
Que ce soit avec l’A9 (en 2016), l’A13 (2020), l’A15 Bionic (2022) ou l’A18 de l’iPhone 16e, Apple a toujours doté son smartphone d’entrée de gamme d’une puce de compétition, parfois, comme en 2022, la meilleure de son catalogue. À l’opposé, d’autres éléments aussi essentiels que son écran ou, plus relativement, sa partie photo ont subi, à raison, des critiques de la part des testeurs.
« Toutefois, une dalle de 2012/2013 commence légèrement à faire son âge », soulignait le test du premier iPhone SE.
« Les bordures larges, le pied d’écran et l’entête omniprésentes, paraissent vraiment déplacés dans un monde d’écrans bord à bord. On regrette que l’entrée de gamme soit encore marquée en 2020 par un design vieux de six ans… », répétait notre confrère quatre ans plus tard.
« Son écran de seulement 4,7 pouces accuse son âge avec sa définition HD, mais pas Full HD, de 1334 par 750 pixels. C’est petit, aussi bien pour les yeux que pour les doigts, quand on voit les grandes dalles confortables s’épanouir ailleurs », concluait-t-il sur le SE 3 ajoutant au passage que la quasi-totalité de la concurrence était passée à l’OLED. Cette critique devrait probablement se retrouver dans notre futur test de l’iPhone 16e dans la mesure où l’écran semble être celui de l’iPhone 14. Mais en attendant les mesures du 01Lab, ne présumons de rien.
Le mélange du nouveau et de l’ancien au service d’iOS
Quant aux nouvelles fonctionnalités, elles sont évidemment absentes du smartphone d’entrée de gamme de la marque, ce qui peut s’entendre. L’ajout d’un « Touch ID » par-ci ou d’un bouton d’Action par là masque difficilement les différences avec la gamme classique de chaque époque respective.
Cette dichotomie entre une puce surpuissante pour son niveau de prix et une fiche technique aux abois sur certains aspects est la matrice même de l’iPhone SE depuis son lancement. Jusque là, le smartphone le plus abordable d’Apple a traversé les années en équilibriste. Il s’est évertué à tenir sur un fil tenu, assumant au passage un anachronisme coupable justifié par un seul mot d’ordre : offrir l’expérience Apple à un tarif abordable.
Finalement, à bien y regarder… C’est exactement ce que propose l’iPhone 16e. Dès lors, comment expliquer qu’il ait fait face à un accueil si mitigé ? La réponse est sans doute à trouver du côté des prix.
La même recette en bien plus salée ?
Quel est le juste prix pour un iPhone d’entrée de gamme ? Cette question quasi philosophique peut difficilement être tranchée. Elle l’est tout de même par Cupertino qui décide du prix de son smartphone. À cet égard, l’évolution entre chaque version est pleine d’enseignements.
- 2016 : iPhone SE (1ère génération) lancé à 489 € pour le modèle 64 Go.
- 2020 : iPhone SE (2ème génération) à partir de 489 € pour le modèle 64 Go.
- 2022 : iPhone SE (3ème génération) lancé à 559 € pour le modèle 64 Go / 629 euros pour le modèle 128 Go
- 2025 : iPhone 16e, à partir de 719 € pour le modèle 128 Go.
En moins de dix ans, la vision d’un iPhone abordable est donc passée d’un produit à moins de 500 euros, à celle d’un smartphone dont le prix débute à 719 euros.
Mais davantage que la différence de prix entre la première et la dernière version de l’iPhone SE, ce qui interroge, c’est l’écart de tarif d’une version à l’autre. Pour les deux premiers modèles, Apple s’est évertué à maintenir son tarif.
La donne a changé en 2022 avec des hausses de 40 € à 70 € en fonction des versions. Le test de l’époque sur 01net.com s’émouvait justement de cette augmentation assez peu en ligne avec la fiche technique de l’iPhone SE de 3ᵉ génération. Le constat est autrement plus cinglant en 2025. Le ticket d’entrée dans le monde d’Apple et de l’iPhone 16e est 160 euros plus cher qu’il y a trois ans. Certes, la capacité de stockage de la version de base a doublé, mais même à niveau de stockage égal, on constate une hausse du tarif de 90 euros.
Meilleur que l’iPhone 15, presque au niveau de l’iPhone 16 ?
La recette de base n’a pas changé a priori, mais un paramètre majeur a été modifié, le prix : 160 euros de plus pour un smartphone avec les mêmes qualités que ses prédécesseurs et des limites toujours aussi prégnantes… la ligne de défense est plus difficile à tenir. À moins que… à moins de considérer le point de vue d’Apple bien entendu. Celui-ci pourrait se résumer en deux points :
- l’iPhone 16e est capable de faire tourner Apple Intelligence
- l’iPhone 16e est « presque » un iPhone 16, mais à un tarif bien plus intéressant (250 euros de moins)
En effet, au lancement d’Apple Intelligence en Europe (courant avril), l’iPhone 16e devrait être l’un des rares modèles capables de faire tourner l’IA d’Apple (seuls les iPhone 16 et 16 Pro ainsi que l’iPhone 15 Pro seront en mesure d’en faire autant). En conséquence, c’est un iPhone qui promet de pouvoir durer au moins quelques années. L’iPhone 15 peut difficilement en dire autant.
Quant à la proximité avec l’iPhone 16, elle est réelle. Certes, au niveau du design et de l’écran, le 16e est en retrait, mais il est possible d’estimer que Dynamic Island et le bouton « Caméra » sont des fonctionnalités dispensables. L’absence de Wi-Fi 6E est en revanche plus préjudiciable et, pour le dire clairement, difficilement pardonnable. Pour autant, à 250 euros de moins qu’un iPhone 16, le 16e semble avoir une carte à jouer.
Trop cher l’iPhone 16e ?
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Au final, en quasi dix ans d’iPhone SE, la recette n’a que très peu varié. À cet égard, l’iPhone 16e est dans la droite lignée de ce que Cupertino estime être un bon smartphone abordable. Surtout, Apple dispose d’un nouveau modèle capable de faire tourner Apple Intelligence et qui ne nécessite pas de débourser près de 1 000 euros. En ce sens, l’iPhone 16e est sans doute légèrement différent des SE dans la mesure où il est en mesure de bouleverser la logique de gamme de la marque. En effet, sa commercialisation rend l’iPhone 15 pratiquement caduque. Quant à l’iPhone 16, il voit son intérêt immédiatement réduit à quelques fonctionnalités et à un design plus léché, le tout à 250 euros de moins.
Ce léger changement de recette saupoudré d’une hausse de 160 euros s’en trouve-t-il pour autant justifié ? La première réponse à cette question viendra sans doute dans notre futur test de l’iPhone 16e. Et la seconde ? Une fois les chiffres de ventes connus.
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