Le plaisir est dans l’attente. Après une keynote démarrée en fanfare avec la très attendue mise à jour du vénérable MacBook Air, il a fallu attendre qu’Angela Ahrendts (Mme Apple Store) « drop le mic » pour pouvoir découvrir officiellement les nouvelles tablettes d’Apple. Après les avoir prises en main, une esquisse de certitude, l’attente en valait la peine !
Faire place à l’écran
Avec les iMac, il y a quelques années, avec les iPhone plus récemment et désormais avec les iPad Pro, Apple cherche régulièrement à faire en sorte que ses produits soient un écrin pour leur écran.
Prendre en main les nouveaux iPad Pro, 11 et 12,9 pouces, c’est s’exposer de plein fouet à cette volonté et à une avalanche de pixels et de couleurs… Les dalles conservent pourtant la même densité de 264 pixels par pouce et la même définition pour le modèle 12,9 pouces. Mais qu’est-ce qui change alors ? Tout !
Comme le voulait la rumeur, le bouton Home et les bordures d’écran originelles ont fait leur valise. Bon vent.
Dalle LCD oblige (appelée Liquid Retina, comme sur l’iPhone XR, mais encore plus séduisante à l’oeil), on n’a pas droit à vrai du bord à bord. Le cadre noir semble toutefois juste assez large pour nous rappeler qu’on ne tient pas un film, un jeu vidéo ou une photo splendide entre ses mains comme par magie.
Il y a bien une tablette derrière tout cela et Apple a réussi à rendre ses deux modèles bien plus compacts. La dalle de 11 pouces occupe ainsi un boîtier d’une taille quasi égale à celui de l’iPad Pro 10,5 pouces. L’iPad 12,9 pouces perd, lui, plus de deux centimètres en hauteur et environ un demi-centimètre en largeur. L’attention se concentre sur l’écran, ce qui s’y affiche. Rien d’autre.
Un design plus carré, plus pro
Pourtant, si on veut bien s’y attarder, le boîtier des deux iPad a vraiment de quoi séduire avec ses angles plus marqués et soulignés par l’antenne Wi-Fi et 4G. Malgré des coins en arrondi, les iPad Pro dégagent une impression de carré et de compacité. Sans doute parce que les tranches sont plus droites, moins bombées. Le rendu général n’est pas déplaisant. L’ergonomie est parfaite, aussi bien en main, qu’à l’oeil.
Même l’objectif photo protubérant au dos semble souligner la finesse inégalée de ces nouvelles tablettes. A l’avant la caméra se cache dans la fine bordure noire et fait parfaitement son office tout en se faisant oublier. Face ID fonctionne parfaitement à l’endroit, à l’envers ou sur le côté. Si par malheur votre main cachait la caméra, l’iPad vous prévient et une fois l’objectif dégagé, la tablette est déverrouillée. Chapeau.
L’arrivée de l’USB-C, une ouverture contrôlée
On le disait, le bouton Touch ID a disparu, remplacé par Face ID, mais ce n’est pas la seule disparition. On aura beau chercher, on ne trouvera pas de prise mini-jack sur ces iPad Pro. Est-ce dû à la finesse des deux tablettes ? Peut-être.
Mais cette absence aurait presque pu passer inaperçue tant l’attention est retenue par l’arrivée de l’USB-C, en lieu et place du Lightning. On ne débattra pas ici du fait qu’il s’agit d’un signe précurseur de ce qui arrivera sur les iPhone.
En revanche, c’est une bonne surprise de voir ces iPad Pro télécharger directement les clichés depuis un appareil photo ou, mieux encore, être branchés à un moniteur 5K.
On nous a toutefois laissé entendre que l’USB-C n’était pas synonyme de porte ouverte à tous les vents. Il ne sera a priori pas possible de brancher un disque dur externe.
Plusieurs pas encourageants pour faciliter la productivité
Mais revenons sur la possibilité de brancher un moniteur externe, car c’est une véritable révolution, ou en tout cas un pas majeur fait par les iPad pour devenir des machines de production.
En fonction des applications – et ce sera aux développeurs de choisir – il est possible d’afficher l’interface de l’iPad Pro en mode miroir ou alors d’étendre l’affichage. On voit ainsi, par exemple, un projet de montage vidéo en lecture sur l’écran externe, tandis que les outils d’édition s’affichent sur l’iPad.
On est très curieux de voir ce qu’Apple introduira comme fonction ultérieurement pour permettre de multiplier les fenêtres de travail et les différentes zones d’affichage. Mais on pourrait trouver ici un début de réponse à l’absence de bureau et aux limites du fenêtrage d’iOS.
Dans un même esprit de réduction des limites intrinsèques d’iOS, Apple a, à plusieurs reprises, mis en avant pendant les démos, les Raccourcis (évolution de Workflow). Ainsi pour le transfert de photos importées vers une application, les démonstrateurs avaient recours à des Raccourcis. Une méthode pas aussi rapide qu’un glisser-déposer, mais qui fluidifie énormément la chaîne de travail et permet potentiellement de pallier les défauts ergonomiques d’iOS 12 dans un contexte de productivité. Il faudra garder cela à l’oeil.
Un clavier pour renforcer la productivité
Ces nouveaux iPad Pro s’accompagnent de nouveaux claviers. Ils s’attachent à la tablette sans qu’on ait besoin de se casser la tête, l’ensemble se positionnant parfaitement grâce à des aimants. Plus rigides, ils devraient être plus stables et permettre de travailler plus facilement sur ses genoux, comme avec un vrai ordinateur portable.
Comme pour confirmer cette impression que les iPad Pro cherchent de plus en plus à être un substitut à un PC portable, et donc à être utilisés avec un clavier, les Smart Connectors ont quitté la tranche des iPad pour venir se placer au dos. Discrets, ils sont tout de même bien visibles quand la tablette n’est pas enveloppée dans son clavier.
Le Smart Keyboard Folio offre par ailleurs un confort de saisie honnête et un toucher assez agréable malgré le revêtement qui le recouvre. On apprécie en tout cas la petite astuce qui permet d’activer l’écran en appuyant sur la touche Espace, ce qui fait que l’iPad se déverrouille dans la foulée grâce à Face ID. Malin.
Un Apple Pencil enfin pensé pour être utilisé
Mais l’accessoire qui enregistre les plus gros progrès, c’est l’Apple Pencil. Le stylet a été repensé par Apple. Plus besoin de le connecter à la prise Lightning (qui a disparu, vous avez suivi…) pour le recharger ou le synchroniser. On le laisse s’aimanter au bord droit de la tablette, peu importe le sens. Il y reste rangé et se recharge, l’air de rien. Mieux, une petite notification indique rapidement l’état de la batterie du stylet.
Cette astuce aimantée assurera qu’on ait toujours sous la main le Pencil et qu’il soit chargé. Un détail ? Pas forcément, car même si la première version du stylet d’Apple récupérait vite son autonomie, il arrivait souvent que la contrainte du chargement pose problème.
L’Apple Pencil 2018 est également plus agréable à utiliser. Il nous a semblé que sa pointe est un peu moins dure, mais c’est surtout sa forme qui a évolué. On ne tient plus un cylindre parfaitement lisse et glissant entre ses doigts. Il est désormais doté d’une « face » droite. En plus de servir à l’aimanter sur l’iPad, cette dernière assure une meilleure prise en main et est au coeur d’une fonction très utile.
Si on double tape sur la partie basse de cette partie plane, on active un raccourci, dont l’effet peut être défini au niveau d’iOS ou dans l’application. Ainsi, on peut basculer entre deux outils, entre le crayon ou la gomme ou encore faire apparaître un menu contextuel. C’est un vrai gain en fluidité, notamment pour les dessinateurs ou, et cela nous concerne davantage, pour la prise de note et la correction d’une erreur.
En définitive, l’Apple Pencil paraît mieux intégré à l’iPad et à ses usages, il semble devenir un accessoire moins… accessoire. Néanmoins, il y a encore des progrès à faire pour inciter à son utilisation. De notre courte expérience, il nous semble que la pointe est encore un peu dure et qu’Apple devrait ouvrir un peu la personnalisation de certaines fonctions.
Ainsi, il est possible, quand on tapote l’écran en veille de l’iPad du bout du Pencil, de se retrouver directement dans Notes. Pratique, si on est un adepte de l’application d’Apple. Cependant, et il ne nous semble pas que ce soit le cas, il serait bienvenu qu’on puisse déterminer quelle application se lance pour fluidifier encore plus l’utilisation au quotidien et faire de l’iPad Pro un outil de production de plus en plus pertinent.
Si au fil de nos rapides prises en main au fil de petits ateliers, nous avons pu constater que les iPad Pro semblent puissants et tenir largement la route, grâce à leur puce A12X Bionic, il nous faudra plus de temps, et réaliser des tests plus approfondis, pour savoir ce que ces tablettes ont dans le ventre.
Quoi qu’il en soit, Apple entend clairement faire de ses iPad Pro, ses nouveaux PC portables grand public. Des machines accessibles à partir de 899 euros pour l’iPad 11 pouces (auxquels s’ajoutent 199 euros pour le Smart Keyboard Folio et éventuellement 135 euros pour l’Apple Pencil de deuxième génération) et 1119 euros pour l’iPad 12,9 pouces (comptez 219 euros pour le Smart Keyboard Folio correspondant). Des produits grand public… mais pas donnés.
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