L’histoire des iDevices est une combinaison habile d’usage et de conception hors norme. L’iPad mini est, comme tous les appareils sous iOS, un tour de force en terme de design et d’ingénierie. A l’heure actuelle, seul Apple semble capable de pousser les choses si loin. C’est sa marque de fabrique.
Pour autant, avec l’iPhone, puis l’iPad, Apple avait su créer une rupture : rupture de vision et rupture d’usage. Sa force était sa capacité à utiliser la technologie, souvent déjà présente, pour changer la donne. L’exemple le plus simple est l’utilisation des capteurs de proximité pour éteindre l’écran des iPhone quand on le porte à l’oreille.
En l’occurrence, ce nouvel iPad mini devrait assurer des usages confortables, sans innover sur ce point. Pas plus qu’il n’innove sur sa configuration, avec ses spécifications datées – l’Apple A5 est venue au monde avec l’iPhone 4S, en octobre 2011…
L’innovation par la configuration ?
Et c’est là un problème qu’Apple ne semble pas prendre en compte ou que les réalités financières lui imposent. L’ère a beau être au post-PC, les vieilles habitudes ont la vie dure. Ainsi, chaque version des tablettes devant se distinguer de la précédente, Apple, en panne de nouveaux usages, a dû entrer dans le jeu ou pire faire celui de sa concurrence, tuant la magie du produit qui fonctionne sans qu’on sache ce qui l’anime.
Apple semble privilégier, finalement, la voie du matériel à celle de l’usage, des trouvailles bluffantes. Leçon que Samsung a bien compris avec son Galaxy SIII et son Note 2 qui foisonnent de petits aspects « intelligents ».
En jouant la carte de la course à la puce, dans laquelle il n’a jamais excellé, Apple flatte les vieux atavismes de la micro-informatique, qui font qu’on va regarder la fiche technique avant de choisir son périphérique et qu’on s’inquiétera du confort d’utilisation ou de l’innovation dans ce domaine, ensuite. Le faible nombre de nouveautés réelles dans iOS 6 en est une preuve.
Une chance ratée
A ce titre l’iPad mini, aussi séduisant soit-il et qu’il rencontre ou non un grand succès, est un raté, une mécompréhension. Alors qu’il aurait été possible de profiter d’un nouveau form factor pour imposer une référence et un rythme au marché, Apple tire a minima.
Cette configuration qui recycle des composants « vieux » au regard du cycle de vie de la high-tech montre qu’Apple a cherché à être présent sur un segment auquel il ne croyait pas précédemment. On pourrait ajouter au regard de son historique, qu’il a essayé, à sa mesure, de réduire les coûts.
Même si le travail d’ingénierie et d’intégration effectué est exceptionnel, l’impression est qu’il fait du neuf avec du vieux. Dès lors le prix pourtant bien revu à la baisse peut ne pas sembler si bas et attractif et le regard des utilisateurs se porter alors vers la concurrence.
Subir le rythme
L’avenir nous le dira, mais la mise à jour de l’iPad 3, remplacée par un iPad 4 Retina équipée d’une puce plus puissante, huit mois après son lancement, pourrait même montrer qu’Apple cherche à réagir et à maintenir sa domination, comme il peut, par la puissance mais pas par les nouveaux usages. Une fois encore.
On peut aussi imaginer que les produits iOS seront désormais mis à jour tous les six mois environ, pour contenir la concurrence, tenir la tête ou être au coude à coude.
Avec l’iPad mini, Apple n’a pas redéfini ce qu’est une tablette petit format, peu importe son prix, il a juste proposé sa solution alternative. Il a géré une situation de crise, sans ébranler le marché. Il n’a pas pris l’initiative, il l’a peut-être même perdue… Définitivement ?
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