L’iPad en particulier et les tablettes Internet en général pourraient être le Graal des éditeurs. « L’iPad apporte une proposition ergonomique intéressante qui dépasse le feuilletage en ligne. Cela peut vraiment remplacer l’abonnement papier », estime Pierre Garbownik, directeur Internet du pôle TV et people de Prisma Presse (VSD, Gala, Voici, Télé Loisirs, GEO, Femme Actuelle, Ca m’intéresse, Capital…).
Ce dernier nous a indiqué que deux pistes étaient à l’étude pour le développement sur l’iPad. Il pourrait y avoir du contenu spécifique réservé à la tablette et proposé gratuitement. Il servirait en quelque sorte de produit d’appel pour les éditions numériques enrichies qui elles seront payantes par abonnement ou au numéro.
« Nous lancerons une version spécifique [du Figaro, NDLR] pour l’iPad avant l’été. Elle va beaucoup évoluer car nous allons apprendre au fur et à mesure. Nous ne prétendons pas tout savoir dans ce domaine », annonce Bertrand Gié, le directeur des nouveaux médias du groupe Le Figaro.
Pour Xavier Spender, directeur général adjoint du groupe L’Equipe, « l’iPad va avoir besoin de bons contenus pour devenir une référence. Le rôle des éditeurs va devenir plus important ». Redonner une valeur au contenu afin de transposer à l’ère numérique le lien si particulier qui unit un lecteur à son journal, tel est l’objectif.
Une édition iPad « moins chère que la version papier »
Et le défi est énorme. Les consommateurs s’étant habitués à l’information gratuite disponible sur Internet, ces éditions payantes se devront d’être réellement innovantes pour avoir une chance de séduire.
La formule économique sera tout aussi cruciale. Abonnement, vente au numéro, prix supérieur ou inférieur à une version papier, tout cela est en train de se décider. Au sein de Prisma Presse, Pierre Garbownik nous a confirmé que les éditions iPad seront « moins chères que la version papier ».
Une question qui n’a pas encore été tranchée en ce qui concerne Le Figaro, nous a indiqué Bertrand Gié. Beaucoup attendent de voir quel accueil les Français vont faire à la tablette Apple. Certains éditeurs voient un signe encourageant dans le succès des applications iPhone qu’ils ont lancé.
« Nous venons de dépasser le chiffre de 1,4 million d’applications iPhone téléchargées », annonce Philippe Jannet, le PDG du Monde interactif. Le Figaro en est à 600 000 téléchargements et L’Equipe à 200 000 depuis le lancement de l’application il y a neuf mois. Encourageant mais pas suffisant pour tirer des revenus significatifs.
Le début d’une longue aventure
D’autant que le taux de rémunération imposé par Apple sur la plate-forme iTunes fait grincer des dents (70 % des revenus reversés aux éditeurs). « Les éditeurs de presse considèrent que le taux de rémunération d’iTunes sur les achats à l’acte est bas. C’est pourquoi nous privilégions le modèle de l’abonnement », déclare Xavier Spender qui est également membre du conseil d’administration du Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste).
Réagissant à ce sujet en tant que président du Geste, Philippe Jannet tempère en rappelant que « ces conditions sont connues de tous et valables dans le monde entier. Le taux de reversement est effectivement élevé mais étant donné le parc installé d’iPhone, cela n’est pas inacceptable ». Pour lui le plus gênant dans le système d’Apple « c’est l’absence de contact avec le client final. Il nous manque ce retour d’information. »
On voit bien que si la presse française dans son ensemble mise beaucoup sur le potentiel de l’iPad et des futurs produits concurrents, c’est en ordre dispersé qu’elle arrive sur ce marché. « Il faudrait que les éditeurs s’entendent entre eux, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a un vrai travail à faire de côté-là », estime Pierre Garbownik. Conquérir les lecteurs, trouver le bon modèle économique, tout reste à faire…
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