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Investir ou s’endetter, un équilibre difficile à trouver

L’obligation de miser sur la nouvelle économie fait gonfler la dette des trois concurrents de l’édition professionnelle. Les marchés, eux, mesurent les risques financiers.

Pour un peu, on se croirait dans les télécoms. Internet est venu mettre à mal la situation financière des trois bretteurs de l’édition professionnelle, Reed Elsevier, Wolters Kluwer et VNU. Un constat sans appel, relayé par les agences de notation, au premier rang desquelles Standard & Poor’s qui estime que “l’augmentation constante de l’endettement et des risques financiers affichés par le secteur européen des médias ne s’explique pas seulement par les fusions et les acquisitions, mais également par les coûts de développement des produits nouveaux.“Toutefois, pris dans la quadrature du cercle, les éditeurs européens n’ont pas le choix. Trevor Pritchard, l’analyste de Standard & Poor’s, prévoit que les investissements dans la nouvelle économie vont comprimer les bénéfices des éditeurs et tirer à la baisse leurs notes de solidité financière. Mais il reconnaît qu’en cas de manque d’investissement, l’inquiétude des agences de notation aurait été encore bien plus importante.C’est sur Reed Elsevier et Wolters Kluwer que pèsent les plus grands risques. “Ces groupes connaissent des hauts et des bas dans leurs activités juridiques aux États-Unis. Et leurs revenus publicitaires importants sont soumis au cycle de ce secteur “, observe Trevor Pritchard.Effectivement, le marché de la publicité, dynamique en Europe l’année dernière, a contribué à compenser les égratignures dues aux coûts de développement du commerce électronique dans les marges bénéficiaires de certains. Si la menace d’une stagnation du marché de la pub se précisait sur 2001, les ratios de crédit des principaux éditeurs prendraient logiquement un coup.VNU a fait, lui, l’objet de toutes les attentions de Moody’s qui, dans la précipitation des événements, a failli dégrader l’entreprise à mauvais escient. En effet, VNU s’est lancé dans une émission d’actions début avril que le marché a d’abord dédaignée. Sans attendre, Moody’s a rédigé un communiqué annonçant son intention de dégrader la dette à long terme de VNU. Une audace qui a dû laisser un goût amer au groupe néerlandais qui, quelques temps après, parvenait à placer une émission de titres deux fois plus importante que prévu.Reste que ces trois groupes d’édition ont mis à rude épreuve les nerfs des investisseurs. Tant VNU ?” avec son acquisition d’AC Nielsen pour se tailler la part du lion dans le secteur de la mesure d’audience sur internet ?” que Reed Elsevier, avec sa mainmise par endettement sur Harcourt General, ou Wolters Kluwer, avec ses achats tous azimuts. Des opérations qui ont eu, en plus, le mauvais goût de se produire au moment où le secteur des médias, des télécommunications et des technologies accusait des revers de fortune sur les plus grandes places boursières mondiales. Il n’est donc guère étonnant que la cotation de leurs titres suive désormais une courbe erratique. Mais dans les derniers mois, les sanctions des marchés financiers ont fini par assagir ces éditeurs. “Sous l’effet de la nervosité des marchés boursiers et financiers, les éditeurs ont bouleversé plus d’un de leurs projets“, explique ainsi Trevor Pritchard. Mais, désormais, il régnerait une nouvelle discipline d’investissement. Les projets internet seraient mieux ciblés et moins nombreux. Ainsi, après être allés plus vite que la musique, les trois géants néerlandais de l’édition professionnelle s’apprêtent à relire leur partition pour se mettre au diapason des consommateurs. Argent oblige !

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Didier Burg À Amsterdam