La déréglementation des télécoms a donné le coup d’envoi d’une véritable chasse aux économies sur les coûts téléphoniques, tant chez les particuliers que dans les entreprises. La société Stock’n Source (anciennement RAB), distributeur de semi-conducteurs, n’a pourtant pas attendu l’échéance de 1998 pour essayer de réduire une facture essentiellement composée d’appels internationaux. Dix ans auparavant, cette entreprise de 30 personnes a en effet opté pour un système de call back, proposé par un opérateur américain. “Pour appeler à l’étranger, il fallait composer un numéro vert et attendre un renvoi d’appel pour passer sur le réseau de l’opérateur “, se souvient Jean-Jacques Rabotin, PDG de Stock’n Source.
Peu pratique, cette solution n’a pas résisté à l’apparition sur le réseau français des opérateurs alternatifs à France Télécom. Sur les conseils de son prestataire en téléphonie, Technique Ingénierie, Stock’n Source a choisi l’opérateur Interoute pour ses appels vers l’étranger et les mobiles, réduisant d’environ 35 % une facture annuelle de 600 000 F (91 470 ?).
La jungle tarifaire des opérateurs fait le bonheur des courtiers en télécommunications et des sociétés de conseil. Mood Media, une agence de 150 personnes spécialisée dans la communication sonore (musique marketing, musique d’ambiance…) et l’adressage de données, a ainsi demandé l’aide de la société de conseil Optitel pour y voir plus clair dans ses factures : “Nous leur avons fourni un relevé représentatif de nos consommations. Ce genre d’analyse doit porter sur plus de deux mois, notamment pour prendre en compte les périodes d’activité moins intense”, explique Jean-Marie Noizet, PDG de Mood Media. Toutes les consommations ont été passées au crible pour aboutir à un rapport détaillé, mentionnant les opérateurs les plus pertinents selon la nature des appels.
Une économie d’au moins 28 %
Mood Media a consacré près de 60 000 F (9 147 ?) à cette analyse, qui concluait à une économie possible de 28 % en suivant la configuration préconisée. Elle constituait en outre une base de discussion solide : “Nous sommes directement allés voir France Télécom pour négocier une remise d’au moins 28 % !” La remise a été cordialement consentie, étant donné la facture de télécommunications de Mood Media, qui dépasse le million de francs.
Il y a deux ans, Stock’n Source n’a pas envisagé de renégocier avec son opérateur, connaissant ses prix élevés pour l’international. “Ses tarifs ont beaucoup baissé depuis : nous prévoyons d’en discuter avec eux, rapport à l’appui”, reprend Jean-Jacques Rabotin. Pour que les appels soient dirigés vers le réseau France Télécom ou vers Interoute en toute transparence pour l’utilisateur, un logiciel ARS (Auto Routing System) a été installé sur l’autocommutateur Alcatel 4200 de Stock’n Source. Bien que ce type de logiciel (également appelé logiciel de routage à moindre coût, ou LCR) soit très peu cher, il faut parfois y ajouter le coût d’installation et de paramétrage sur l’autocommutateur – généralement pris en charge par l’opérateur – et, éventuellement, le coût d’un logiciel de taxation. Celui-ci permet d’analyser le trafic téléphonique de l’entreprise, en collectant les tickets de taxation émis par le PABX, mais surtout d’effectuer des simulations tarifaires multiopérateurs. “J’utilise régulièrement le logiciel Geotaxe [édité par Geosoft, Ndlr] sur un PC dédié”, précise le PDG de Stock’n Source. Cependant, il préfère suivre les conseils de son prestataire pour envisager un changement d’opérateur.
Pour coller au marché, il est nécessaire de garder un ?”il vigilant, indirect ou non, sur l’évolution tarifaire des opérateurs, mais aussi sur ses propres consommations. Pour ce faire, le GIE FacetCA – qui gère toutes les factures du groupe Crédit Agricole, soit 108 adhérents, dont 53 caisses régionales – utilise le progiciel décisionnel Microlis, de Sylicom. L’administrateur de ce GIE peut obtenir en quelques clics des matrices croisées, en fonction de très nombreux paramètres (comparaison ou évolution des consommations par adhérent, par ligne téléphonique, etc. ). Les différents opérateurs du groupe transmettent à FacetCA l’intégralité des relevés des adhérents par EDI. Ces données sont ensuite traitées au GIE par le logiciel Fac’O’Share, d’Amarok, qui les ordonnance par adhérent.
Gérer 400 000 factures par an
Microlis prend ensuite le relais. “Tous les deux mois, nous envoyons à chaque adhérent un CD-ROM contenant ses relevés ainsi que des versions édulcorées de Microlis et de Fac’O’Share. Chacun peut ensuite analyser ses données et prendre les décisions qui s’imposent : nous n’avons pas de pouvoir de décision sur le choix des opérateurs”, signale André Chamot, administrateur de FacetCA. Le GIE a été créé pour réduire une facture globale de l’ordre de plusieurs centaines de millions de francs, et faciliter la gestion de 400 000 factures par an. FacetCA n’a qu’un seul mot d’ordre : la centralisation. “Nous sommes parvenus à obtenir une seule facture par adhérent et par poste (téléphone, ligne spécialisée…). Quand on sait que le coût de traitement total d’une facture tourne autour de 300 F (46
?
), vous imaginez l’économie !” Cette économie passe aussi par une sensibilisation des utilisateurs. L’étude commandée par Mood Media a permis à l’entreprise de faire le point sur l’utilisation du téléphone par les employés : “On détecte ainsi les abus de numéros spéciaux ou les discours trop longs des commerciaux ! “, souligne le PDG.
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