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Inventer un stockage à la mesure de l’e-business

La fulgurante montée en puissance du Web et du commerce électronique réclame un stockage ad hoc. Placés en première ligne, les hébergeurs de services Internet font d’abord appel aux clusters et aux baies Raid sécurisées.

Pour être un bon hébergeur Internet, mieux vaut avoir les nerfs solides et de l’imagination à revendre.
Ces spécialistes nés avec la nouvelle économie doivent garantir à leurs clients que leurs sites, simples vitrines ou services marchands, seront accessibles, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En outtre, la flexibilité doit être au rendez-vous, afin de pouvoir accroître rapidement l’espace de stockage alloué à un client en cas de succès massif d’un site. Il faut également jongler entre Unix, Linux et Windows NT, organiser les sauvegardes de plusieurs clients hébergés sur un serveur mutualisé et garantir la reprise en cas de perte d’un disque ou d’un serveur.” Un client débute souvent avec quelques mégaoctets sur un serveur mutualisé pour des pages HTML statiques “, commente Sébastien Gioria, directeur technique de Fluxus. L’évolution naturelle consiste dans une sécurisation par un stockage Raid et le passage à un serveur dédié. Mais, la multiplication des serveurs crée un casse-tête en matière de maintenance. Ouvrir de larges espaces de stockage mutualisables trouve alors une réponse élégante avec les serveurs de stockage et les équipements NAS (Network attached storage). Internet.fr et Easynet ont récemment opté pour les NS2000, d’Auspex. ” Un même espace logique est accessible par des systèmes Unix, Linux et Microsoft “, explique Alexandre Delcayre, chef de projet chez Auspex.

Capacité d’évolution et disponibilité

Internet.fr vient ainsi de mettre en ligne une première tranche de 500 Go. La capacité d’évolution est assurée car une baie offre une capacité de 9 To. L’usage de disques de 72 Go permet même d’atteindre 21 To. La disponibilité est obtenue grâce à un second NS 2000, disposé en miroir sur le réseau Gigabit Ethernet. La sauvegarde s’effectue, sans passer par un serveur, vers une bibliothèque Quantum ATL raccordée à une des baies. Une autre option de sécurisation consiste à recourir au clustering lorsqu’on s’appuie sur des baies Raid traditionnelles.Didier Bouvet, directeur technologie et architecture de Storage Telecom, est partisan du cluster logiciel réunissant deux machines sous Unix, complétées du logiciel Global Cluster Manager, de Veritas Software. Pour certains de ses clients, Matra Grolier Network s’adosse à une architecture mobilisant deux machines Sun ou deux serveurs Compaq sous Windows NT. Par exemple, deux Enterprise 420 ou 450 partagent une baie Raid A1000 via des liens point à point en Fibre Channel. L’ensemble constitue un cluster NFS (Network file system) rendant un service de fichiers hautement sécurisé, notamment pour des applications de base de données Oracle. Ce cluster fournit de 45 Go à 200 Go aux frontaux applicatifs. Chaque système est sauvegardé par un robot, grâce à un second LAN réservé à cette tâche. Fluxus recourt également au cluster Sun ou NT. Dans ses trois centres, l’hébergeur gère ainsi 700 Go en ligne. Ses clusters Oracle à base de serveurs Sun sont très sécurisés, puisque même les baies de disques sont doublées.Sur chacun d’eux, le volume mis en ligne atteint alors les 60 Go. Outre un cluster NT, Fluxus exploite une dizaine de baies de milieu de gamme d’HDS, des Freedom 5830 et 5840, d’une capacité de 200 Go chacune. Elles incluent les dispositifs de sécurité indispensables : alimentations et contrôleurs Raid doublés, ainsi que plusieurs disques de remplacement pour une reconstruction des volumes disques, sans interruption de service. Mutualisées, ces baies sont découpées en tranches de 50 Go par client. “Pour obtenir de la performance dans le cas de bases de données, nous privilégions le Raid 0 + 1. Moins rapide, le Raid 5 convient mieux aux serveurs de messagerie et aux frontaux Web”, précise Sébastien Giora, de Fluxus. Ces baies sont partagées entre un et quatre serveurs par des attachements SCSI, moins coûteux que des connexions FC et d’un niveau de performances similaire. PSINet mise sur les baies XP 256, de HP, et Symmetrix 3930, d’EMC, dont une partie est mutualisée par blocs de plusieurs gigaoctets. Un commutateur Connectrix de technologie FC ouvre trente-deux accès simultanés hauts débits au même sous-système disque.

La vidéo réclame un SAN

” Le basculement vers le SAN pour plus de performances et de volume disque est inévitable face au succès croissant du multimédia sur le Web “, estime Christopher Quinton, consultant avant-vente chez PSINet. La mutualisation de baies très coûteuses donne accès à des services interdits aux systèmes d’entrée de gamme. ” Généralement, la sauvegarde à chaud d’une baie diminue la rapidité d’une base de données. Or, les clients hébergés n’acceptent pas des creux de performances de trois heures. Le recours à des baies de classe Entreprise autorise le Snapshot, ce qui élimine ces contraintes “, souligne Didier Bouvet.En matière de sécurité, l’étape ultime reste le miroir sur un site distant, une fonction disponible sur les baies EMC, mais aussi sous une forme logicielle, chez Veritas. “Nous mettrons en ?”uvre les infrastructures pour relier les baies de nos Data centers”, anticipe Christopher Quinton. Le basculement vers les technologies NAS et SAN ne s’effectuera pas sans précautions. “Nous passons un palier technologique tous les deux ans”, note Sébastien Ozanne, directeur marketing de Matra Grolier Network. Lors de l’ouverture d’une salle d’hébergement, il étudie la mise en place d’un SAN. “Nos clients réclament de la disponibilité, pas un laboratoire ! Le SAN met du temps à arriver. Nous demanderons à un constructeur d’être responsable de tout et de nous recommander un intégrateur”, insiste-t-il. Quant au NAS, estime Sébastien Gioria, “il amène une problématique de confidentialité, et les échanges CIFS et NFS transitant en clair sur le réseau, un client pourrait voir les données d’un autre. Pour une banque, un SAN on mutualisé s’impose donc.”

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Jean-Pierre Blettner