“Nous ne sommes pas des marchands de rêves. Ce temps-là est révolu”, déclare à qui veut l’entendre Michel Boussard, p.-d.g. d’Interxion. Pour le patron de cette société d’hébergement, le temps de la folie est bel et bien révolu et, aujourd’hui, on constate combien il a raison. Voilà deux ans, des dizaines d’acteurs se targuaient de créer des centres d’hébergement sécurisés, totalisant ainsi des centaines de milliers de mètres carrés sans avoir aucune idée précise sur la façon dont ils allaient les remplir.
Bien connaître son métier, et s’y cantonner
Interxion, de son côté, affirme avoir toujours fait preuve de prudence dans ses investissements, en déployant vingt centres d’hébergement dans onze pays européens pour un montant total de 150 millions d’euros. Pour l’ancien vice-président en charge des PME-PMI d’IBM Europe, “les acteurs du marché doivent bien connaître leur métier et surtout y rester “. En clair, on ne peut pas tout faire.Ainsi, Global Crossing ou GTS-Ebone avaient tenté une incursion dans ce métier :le premier, en rachetant le géant Exodus avant de changer de stratégie ; le second, en amorçant une aventure qu’il n’a pas su développer, avant d’exploser en plein vol. “Même Colt ou Level 3 ont ralenti leurs investissements dans ce domaine”, reconnaît Michel Boussard. Mais, l’hébergeur reconnaît volontiers avoir, naguère, été tenté de céder aux sirènes de la diversification.En effet, dans les premiers mois de son lancement, voilà quatre ans de cela, Interxion s’imaginait bien devenir une grande plate-forme de trading de minutes ou de bande passante.La difficulté de ce métier, où d’autres se sont cassé les dents depuis (par exemple, Band X), a rapidement décidé les dirigeants d’Interxion à faire volte-face et à se concentrer sur des offres d’hébergement, en proposant à leurs clients de choisir parmi la vingtaine d’opérateurs connectés dans leurs centres.“Nous sommes totalement indépendants du réseau. La volonté des opérateurs, qui ont essayé de se lancer dans l’hébergement, était d’amener les clients hébergés à acheter de la capacité sur leur réseau”, explique encore Michel Boussard.
Les fonds sont de plus en plus durs à lever dans les télécoms
Parmi les acteurs qui peuvent se targuer d’être présents en Europe et totalement indépendants en termes de réseau, Interxion ne se connaît désormais plus que deux concurrents, à savoir IXEurope et Telecity.Bien sûr, il doit également lutter contre les acteurs plus nationaux, comme LDCom, en France, ou PSINet.Concernant ses finances, l’hébergeur hollandais affirme n’avoir aucune dette et a levé, à la mi-septembre, quelque 20 millions d’euros, portant ainsi son capital à 300 millions d’euros. Selon Michel Boussard, cette dernière opération devrait être suffisante pour atteindre son autofinancement. Heureusement, car les fonds sont de plus en plus durs à lever dans cette économie des télécommunications.En effet, pour sa précédente levée de fonds, de 200 millions d’euros, Interxion avait mis quatre mois. À titre de comparaison, il lui a fallu près de douze mois pour en lever dix fois moins cette fois-ci !
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