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Interoute prend racine dans les hôtels d’opérateurs

La société délaisse les points de présence isolés. Elle est présente dans deux cinq cinquante hôtels télécoms en Europe.

Un nombre croissant d’opérateurs choisit la vie en communauté. A leurs yeux, il est plus pertinent de livrer leurs services dans les hôtels télécoms que dans des points de présence isolés et coûteux. Promoteur de ce nouveau modèle
économique, Interoute en dessert deux cent cinquante en Europe.Cegetel, Colt, Completel, France Télécom, Interoute, MCI, neuf telecom… Tous sont désormais présents dans la dizaine d’hôtels d’opérateurs (carrier hotels) de la région parisienne : Global
Switch, Interxion 1 et 2, IXEurope, RedBus, TeleCity, Telehouse 1 et 2, et le NetCenter du groupe LDCom, situé à Courbevoie. D’autres, comme Deutsche Telekom, Infonet, KPN, Sprint et Telia, suivent la tendance en s’affichant dans au
moins un ou deux de ces centres de colocation.Chez les majors, la mode n’est plus à multiplier les points de présence à leur enseigne et à attendre que leurs clients veuillent bien s’y raccorder. Elle est de rejoindre les plates-formes neutres, véritables marchés de
l’interconnexion, où tout le monde peut se brancher sur tout le monde, au gré des besoins du moment.

Une solution de rechange sur place

Interoute, qui opère un backbone optique de 25 000 km (le plus vaste du Vieux Continent), est sans doute celui qui pousse cette démarche le plus loin. ‘ Si nous avons racheté les réseaux métropolitains de
GTS-Ebone, c’est justement pour livrer nos services dans un maximum de
carrier hotels, explique Philippe Moity, son directeur général France. À ce jour, nous sommes dans deux cent cinquante d’entre eux à travers
l’Europe. Très certainement un record. ‘
La différence saute aux yeux : quand vous êtes tout seul dans votre propre point de présence, c’est à vous d’en assurer la promotion. Dans un carrier hotel, c’est le gestionnaire du site qui s’en charge
pour vous. ‘ Un centre de colocation a intérêt à faire connaître les opérateurs qu’il héberge auprès de tous ses autres clients et prospects. Cela le valorise et augmente l’attractivité de ses plateaux techniques. Nous
avons ainsi pu gagner plusieurs affaires ‘,
poursuit Philippe Moity.Le bénéfice est aussi pour les acheteurs de services, qu’ils soient opérateurs ou grandes entreprises. Dans un hôtel d’opérateurs, ils peuvent effectuer leurs emplettes à leur guise. En cas de défaillance d’un
fournisseur, ils trouveront sur place une solution de rechange.Le groupe Renault est un cas d’école. Son anneau optique SMHD interconnecte non plus seulement ses sites de Boulogne, Guyancourt et Saint-Quentin-en-Yvelines, mais également les baies télécoms qu’il a installées dans deux
centres de colocation parisiens (Telehouse et NetCenter). C’est donc là, dans ces carrier hotels, qu’il procède désormais à une partie de ses achats télécoms (voix, données et internet), achats qui sont ensuite distribués via la boucle
SMHD.

Encore huit points de présence

Pour les grandes entreprises, cette nouvelle forme d’achat est en général un premier pas vers l’infogérance. Elle aboutit aussi à transférer dans le carrier hotel tout ou partie de ses serveurs informatiques, à commencer
par ceux qui assurent les sauvegardes. Interxion accueille ainsi autant de clients opérateurs que d’entreprises ou SSII.En France, Interoute possède en propre huit points de présence. ‘ Mais ils sont trop coûteux, estime Philippe Moity. Nous allons les interconnecter aux réseaux métropolitains et aux carrier
hotels existants, ceux des opérateurs comme ceux qui sont mis en place par les délégataires des collectivités locales. À terme, nous pourrions même y déménager nos infrastructures. ‘

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Jean-Claude Streicher