Il y a trois ans, Internet faisait son apparition dans le paysage des recruteurs. Aujourd’hui, il est en passe de s’imposer comme le must en la matière, et ne pas l’utiliser catalogue presque automatiquement une entreprise comme ringarde. Signe de cet engouement, le recrutement en ligne est devenu, selon le cabinet américain Forrester Research, le secteur le plus porteur d’Internet, juste derrière le commerce électronique.En 2005, les entreprises devraient dépenser, dans le monde, 4 milliards de dollars pour recruter sur la Toile, contre 411 millions de dollars en 1999. En France, les sommes investies par les entreprises pour leur communication en ressources humaines sur Internet sont encore limités. Mais le mouvement est bel et bien engagé particulièrement dans le secteur high-tech où Internet est devenu en quelques années un élément incontournable dans la stratégie de recrutement des entreprises. Simple gadget ou mode de recrutement réellement efficace ?Derrière les chiffres de fréquentation stratosphériques annoncés par certains sites, on ne connaît pas le nombre d’emplois réellement pourvus par ce biais. Toutefois, les témoignages d’entreprises ayant recruté grâce à Internet sont nombreux et la plupart n’ont de cesse de vanter le gain de temps, le moindre coût et la forte réactivité de cet outil. Michelle Beaulieu, responsable du recrutement chez la SSII Team Partners Group, fait partie de ces adeptes du recrutement en ligne : “C’est un outil génial pour les recruteurs. Grâce à Internet, entre le moment ou je mets une annonce en ligne et le moment ou je reçois les premières réponses, il ne se passe que quelques jours, voire quelques heures.”Même satisfaction chez Solari Consulting, une société spécialisée dans le conseil et l’ingénierie de projet : “Nous avons privilégié ce mode de recrutement parce qu’il permet de gérer les candidatures en flux tendu. En outre, la population que nous recrutons est la cible parfaite et je suis sûr de la trouver sur Internet “, explique Caroline Diard, la responsable du recrutement. Dans un souci d’efficacité, la société a quasiment abandonné les moyens classiques de recrutement pour se tourner vers les sites Web, le sien, mais aussi les sites d’associations des anciens élèves, les sites d’emploi et les newsgroups. Aujourd’hui, ces différentes sources Internet lui permettent de capter près de 80 % des candidatures.Si beaucoup d’entreprises plébiscitent le recrutement en ligne, c’est aussi parce qu’il coûte beaucoup moins cher : en moyenne, le prix pour une campagne de recrutement sur le Réseau est trois à quatre fois moins élevé que pour une campagne dans la presse. Il permet aussi de débusquer des candidats hors des frontières.Malgré ces avantages indéniables, Internet ne représente pas pour autant la panacée, et cela, pour différentes raisons. D’abord, son efficacité est directement liée à la notoriété de l’entreprise. Une entreprise très connue aura plus de chance d’avoir des visiteurs sur l’espace recrutement de son site qu’une PME. De plus, la multiplication des sites d’emploi (il y en aurait près de 400 en France aujourd’hui) et le nombre important d’annonces qui s’y trouvent, ont tendance à noyer les offres dans la masse.” Les recuteurs vont rencontrer les mêmes travers que sur le papier. Pour qu’une annonce soit vue, il faut qu’elle passe au moins une dizaine de fois “, estime Sophie Caron, responsable du recrutement de Astek, avant d’avouer : ” Il m’est arrivé de mettre cinq fois à la suite une même annonce sur un site d’emploi pour retenir l’attention des internautes. “SSII en pleine croissance, Astek prévoit d’embaucher 350 personnes cette année. Si le recrutement par le Web représente entre 60 et 70 % des candidatures, Sophie Caron est persuadée que “pour qu’il soit efficace, il faut avant tout avoir de gros besoin en recrutement”. La rentabilité du support Internet suppose aussi la mise en place d’une véritable stratégie adaptée à ce nouveau mode de recrutement. Cela passe notamment par des sites d’entreprises plus ergonomiques, un ciblage plus précis des sites d’emploi en fonction des profils recherchés, une capacité de réponse et de mise à jour des annonces décuplées… Et, enfin, une organisation interne adaptée avec un responsable chargé de trier les réponses et, surtout, d’y répondre dans les plus brefs délais.Sur ce point, les résultats de la récente enquête de lApec sur la pratique d’Internet dans le cadre du recrutement et de la recherche d’emploi auprès de 1600 cadres et jeunes diplômés sont édifiants : 85 % des personnes interrogées estiment que les entreprises ne sont pas encore adaptées à Internet pour gérer les recrutements. Autrement dit, pour mieux recruter sur Internet, il faut peut-être d’abord recruter différemment.
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