Perché sur le toit du pavillon de Bertelsmann, qui domine l’exposition universelle de Hanovre, Thomas Middelhoff a le monde entier à ses pieds. Mais le président du géant allemand des médias ne sait toujours pas comment conquérir la planète avec Internet.Les journalistes allemands le lui font d’ailleurs régulièrement savoir et il s’en est irrité lors de la présentation du bilan à la presse, qui a eu lieu ce matin à Hanovre.” Dans ce domaine, on ne sait pas vraiment quelle direction il faut prendre, affirme un dirigeant du groupe allemand. Aucun groupe ne le sait d’ailleurs. C’est une vraie aventure. “Depuis sa nomination à la présidence du groupe, il y a deux ans, Thomas Middelhoff est devenu une star très médiatisée de l’économie allemande. Avec lui, une nouvelle génération est arrivée à la tête de Bertelsmann.Chargé de faire entrer Bertelsmann dans l’ère d’Internet, Thomas Middelhoff n’a pas encore enregistré de succès. Il n’a pas non plus fait d’annonces exceptionnelles… si ce n’est la cession de ses parts du capital d’AOL Europe. Enfin, le multimédia constitue toujours moins de 3 % du chiffre d’affaires total.
” Devant Time Warner aux Etats-Unis “
Thomas Middelhoff s’est plaint de souffrir d’une très mauvaise presse. “Bertelsmann a pourtant renforcé sa position comme première entreprise mondiale de communication dans Internet”, a-t-il expliqué.Le groupe a enregistré par exemple 32 millions de visiteurs sur ses sites (bol.com, bn.com, Fireball et Lycos) en juillet 2000. “Nous sommes devant Time Warner aux Etats-Unis”, se félicite Thomas Middelhoff.En matière d’investissement, le groupe va dépenser 23,5 milliards de francs d’ici à 2003 pour développer ses activités Internet. Selon Bertelsmann, c’est presque le double des investissements de Disney, de Time Warner, de Viacom et de News Corp réunis…Les bons résultats du groupe permettent à Bertelsmann, toujours non coté en Bourse, de constituer des réserves de fonds pour d’éventuelles acquisitions. Le chiffre d’affaires annuel s’établit à 108 milliards de francs, en progression de 25 %. Et les bénéfices s’élèvent à 4,3 milliards de francs, soit +45 % par rapport à l’année précédente.” La caisse de guerre est pleine “, a assuré Thomas Middelhoff. Bertelsmann serait ainsi actuellement en mesure de sortir plus de 100 milliards de francs…
Le groupe parie sur le contenu
La révolution Internet impose en tout cas une profonde restructuration du groupe. “Bertelsmann est dans une phase de transformation”, explique Thomas Middelhoff. La direction sera désormais organisée autour de trois piliers : contenu, services et e-commerce.En matière d’Internet, Bertelsmann ne veut plus entendre parler de FAI depuis le flop AOL. “Nous n’avons pas besoin de maîtriser l’accès à Internet pour diffuser notre production”, explique aujourd’hui Klaus Eierhoff, directeur des activités d’e-commerce.Le groupe parie davantage sur les contenus et veut développer le principe de ses clubs de livres sur le Net. Klaus Eierhoff a été convaincu par l’expérience américaine de Bertelsmann.Outre-Atlantique, les clubs s’adressent en effet à des tranches d’âges très précises ou à des communautés. C’est le cas de blackexpressions.com qui s’adresse aux Noirs américains.En octobre, Bertelsmann lancera deux sites en Allemagne sur ce principe dont un en association avec France Loisirs, la filiale française de Bertelsmann. Le contenu de ces clubs est encore secret. Ils devraient cependant proposer les produits classiques de Bertelsmann (livres, CD, vidéos, logiciels…).
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