Accusé d’être un ersatz d’Internet, le projet Internet.org auquel participent déjà plusieurs grands groupes de l’industrie high-tech comme Qualcomm ou Samsung, prend de l’envergure. Son initiateur, Mark Zuckerberg a annoncé hier, 4 mai 2015, son ouverture à tous les développeurs désireux de proposer un service.
Le PDG-fondateur de Facebook a expliqué qu’Internet.org fonctionnerait désormais comme une plate-forme conçue « de telle sorte que n’importe qui puisse construire des services de base gratuits » et les y intégrer. Il faudra toutefois que l’application soit d’abord validée selon des critères précis par les équipes d’Internet.org, à la manière de ce que fait Apple pour son store.
Les trois principes essentiels auxquels devront adhérer les développeurs sont les suivants. Tout d’abord, les services devront encourager l’exploration d’Internet de la manière la plus large possible. Ensuite, ils ne devront pas nécessiter une large bande passante (exit donc la VoIP, la vidéo, les transferts de fichiers ou de photos en haute résolution). Enfin, ils devront être optimisés pour les smartphones ainsi que pour les mobiles classiques et ne devront pas comprendre d’éléments JavaScript ou de chiffrement SSL/TLS/HTTPS.
Un trafic Web entièrement exposé
Et c’est là que le bât blesse. Facebook explique qu’Internet.org fonctionne à la manière d’un proxy et gère directement le trafic provenant de l’internaute et lui arrivant. Et selon les règles à l’attention des développeurs, le proxy est conçu pour créer « un flux de trafic standardisé de façon à ce que les opérateurs puisse l’identifier clairement et ne pas facturer votre service ».
Internet.org ne gère donc pas le HTTPS qui sécurise les connexions. L’absence de ce protocole est donc un sérieux problème pour toutes les applis marchandes ou de messagerie privée. Interrogé par The Verge, Facebook a bien conscience que cela puisse poser un problème, mais avoue ne pas avoir de solution pour le moment.
Les internautes de pays où l’accès à Internet est particulièrement surveillé devront donc s’abstenir d’utiliser Internet.org. En effet, tout le trafic Web passant par Internet.org sera non seulement visible par le proxy mais aussi par tous les intermédiaires entre Internet.org et le serveur distant. Autrement dit, les opérateurs, un Etat policier, etc.
Ce changement de politique de Mark Zuckerberg intervient après les polémiques qu’a suscité le lancement d’Internet.org en Inde. Les détracteurs du projet accusait Facebook de créer un Internet de seconde zone en ne sélectionnant qu’une trentaine de sites et services. Autrement dit, de violer la neutralité du Net.
Dans une vidéo accompagnant l’annonce de la transformation du projet en plate-forme ouverte, Mark Zuckerberg a tenu à préciser sa position. « La neutralité du Net ne devrait pas empêcher l’accès (à la Toile). Nous avons besoin des deux », a-t-il indiqué. « Notre vision est de donner au gens davantage d’accès à des services gratuits au fil du temps », mais « ce n’est pas soutenable d’offrir tout Internet gratuitement, a-t-il ajouté. Aucun opérateur (télécoms) ne pourrait se le permettre. »
Internet.org est pour l’instant disponible dans huit pays : le Ghana, le Kenya, la Zambie, la Tanzanie, la Colombie, le Gutaemala, l’Inde et les Philippines. Le projet, lancé en août 2013 par Mark Zuckerberg, a pour objectif d’offrir Internet ou un aperçu d’Internet, selon le point de vue portée sur le projet, aux deux tiers de la population mondiale qui n’y a pas accès. Vaste tâche !
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Sources :
The Verge et Facebook
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