La campagne présidentielle de 2007 investit le réseau. Etre du voyage pour ces nouvelles contrées fait désormais figure d’obligation pour une classe politique se voulant plus proche du citoyen ‘ d’en bas ‘ et
ayant à c?”ur de mettre en ?”uvre la démocratie participative.Le blog, le podcast, le chat, les liens sponsorisés et les lettres d’information sont devenus, en quelques mois, les vaisseaux de la communication politique assurant le lien ?” interactif ?” entre le candidat (ou
candidat à la candidature) et ceux qui feront peut-être de lui l’élu de la nation. Déjà, 32 % des internautes ont visité le blog d’un homme politique, et près de 13 % d’entre eux déclarent avoir participé à un forum politique en ligne. Ces
simples chiffres fournissent la mesure du phénomène et des attentes.Ce nouvel Eldorado politique n’est pas terra incognita. Les règles ordinaires d’Internet et du droit électoral en décrivent, pour l’essentiel, la topographie. Le pluralisme, savamment contrôlé sur les médias à
ressources rares, telle la télévision, se trouve garanti par l’égalité d’accès de tous au réseau. La liberté d’expression règne dans les limites, classiques, du respect du droit des tiers (diffamation, injures…) ou du droit de réponse, qui
permet à chacun de donner la réplique.Pourtant, comme chez les cybermarchands, la tyrannie du classement et de la visibilité dans les moteurs de recherche justifie l’usage du marketing politique (lien sponsorisé, publipostage, parrainage…), et les effets décuplés
qu’induit la création d’une galaxie de blogs militants autour d’un site officiel. Ces outils, soumis aux règles de la propagande électorale, devront observer, le temps venu, le silence qui sied à la sérénité du scrutin.C’est sûrement dans l’invitation à venir s’exprimer faite au citoyen et au militant que réside l’espoir des campagnes sur le Web. Internet est, à bien des égards, un lieu unique pour débattre des questions de société ; non pour
s’essayer à une forme moderne de démocratie directe, mais plutôt pour faciliter une plus grande implication des citoyens, et réconcilier les décideurs, jugés éloignés, avec des citoyens en mal d’être entendus.L’avenir du Web électoral dépendra des fruits de cette rencontre désirée. Peut-être, cependant, les plus grands effets se sentiront-ils dans les scrutins locaux, quand l’organisation de nos vies dans la cité sera l’enjeu de la
consultation et de débats préalables.La conquête de cet Eldorado n’est pas de la seule responsabilité du politique ; les citoyens en sont également dépositaires. Dans leur expression, respectueuse des convictions des autres, en veillant à ne pas concourir à la
propagation de fausses nouvelles ou, encore, en s’abstenant le jour du scrutin ‘ de diffuser […] par tout moyen de communication au public par voie électronique tout message ayant le caractère de propagande
électorale ‘, comme le veut la loi.L’utilisation d’Internet pour construire la démocratie électronique représente une chance pour notre société, mais elle ne peut se faire sans une claire définition des règles du jeu, c’est-à-dire des usages acceptables compte tenu de
notre tradition politique et électorale.
(*) Conseillère d’Etat, Isabelle Falque-Pierrotin préside le Forum des droits sur l’Internet.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.