Machine arrière, toute ! Internet ne représente plus une menace pour la presse écrite. C’est l’Association mondiale des journaux (AMJ) qui l’affirme dans sa dernière étude annuelle sur les tendances mondiales de la presse. Selon l’AMJ, entre 1999 et 2001, les quelque 2 959 quotidiens dotés de sites Web à travers le monde ont, en effet, augmenté leur diffusion de 0,6 % par rapport à ceux qui n’en possédaient pas.
Un cercle vertueux
Existe-t-il une relation de cause à effet ? C’est “plutôt un effet de complémentarité. Le Web rend le support papier interactif”, estime Benoît Luciani, directeur général du Parisien.com. En effet, “le lectorat des éditions électroniques est différent, il est plus jeune”, explique Emmanuel Cacheux, directeur multimédia de la Tribune.fr. Pour Bruno Patino, directeur général du Monde Interactif, les sites Web des journaux sont même à l’origine d’un cercle vertueux : “Lors d’un événement, les lecteurs du Net, qui souhaitent acheter un journal papier, se dirigent plus facilement vers la marque qu’ils ont l’habitude de fréquenter sur la toile.”L’objectif est d’utiliser, de la meilleure façon possible, les deux médias. Car “il y aura toujours trois types de lecteurs : les férus du journal papier, les adeptes de l’électronique et les partagés”, explique Bruno Patino. À chacun son rôle, à chacun sa place. Le média Internet s’utilise plutôt de manière sédentaire, au bureau ou à la maison. Le média papier s’utilise de manière nomade, dans le métro ou au café… Le temps consacré à la lecture est d’ailleurs différent : 10 minutes pour le Web, plus de 20 minutes pour le journal papier. “Internet a un potentiel extraordinaire”, estiment de concert les responsables des éditions électroniques des journaux. Pourtant, la plupart des sites sont encore dans le rouge : en Europe, seuls 7 % d’entre eux sont bénéficiaires, selon l’AMJ. La proportion est supérieure aux États-Unis (39 %). La priorité est donc aujourd’hui à la construction d’un modèle économique viable et pérenne. Objectif : être rentable au plus vite. “C’est une suite logique”, souligne Benoît Luciani.
Une facturation nécessaire
En pleine récession publicitaire, la rentabilité des éditions électroniques passe évidemment par la facturation de leurs contenus. Selon l’AMJ, 37 % des sites des plus grands journaux font aujourd’hui payer une partie de leur contenu, et 46 % ont l’intention de passer au péage l’an prochain. En France, seul le site des Echos a décidé, dès 1998, que ses contenus “à valeur ajoutée” (articles du jour, archives, dossiers spéciaux…) seraient payants sur Internet. Néanmoins, il vient d’être rejoint par son concurrent Latribune.fr qui fait payer l’accès à ses archives depuis le 3 juin dernier, et qui a décidé de mettre en place de nouveaux services payants en septembre. Comme son confrère Libération, le site Web du Monde s’est également converti au péage le 15 avril dernier.Du côté du Parisien.fr, des jeux et des services à péage vont également voir le jour d’ici à la rentrée. Il reste encore à convaincre la majorité des internautes que l’information a un prix en version électronique comme en version imprimée.
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