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Internet mobile : la bataille des contenus a commencé

Malgré les incertitudes techniques persistantes, les opérateurs mobiles réfléchissent aux modèles économiques qui encadreront les services 3G. Les éditeurs de contenus veulent leur part du gâteau, mais craignent une mainmise des opérateurs mobiles.

La conférence IT Visions 3.0, organisée lundi par l’ambassade de Suède à Paris, a permis de mieux connaître la vision des opérateurs dans la perspective de l’Internet mobile, lequel devrait prendre son envol en deux temps avec le GPRS (General Packet Radio Service) puis la norme UMTS (téléphonie de troisième génération).Principale interrogation : les opérateurs mobiles ouvriront-ils les canaux de l’Internet mobile aux éditeurs de contenus indépendants ? Autrement dit, un abonné Orange pourra-t-il accéder depuis son mobile au portail Yahoo!, ou, mieux encore, à Vizzavi, le portail multiaccès de Vivendi Universal et Vodafone ?Pour l’heure, les états-majors d’Orange et de SFR n’ont pas fait connaître leurs intentions. Cependant, les concurrents des deux opérateurs et les éditeurs de contenus redoutent que ceux-ci optent pour une architecture fermée. Comme ce fut le cas pour le WAP (Wireless Application Protocol), les opérateurs mobiles pourraient donc garder le contrôle des terminaux de leurs abonnés.Cette stratégie pourrait aussi causer du tort aux opérateurs mobiles virtuels (MVNO). “Nous nous intéressons de près à l’Internet mobile, estime Lars-Johan Jarnheimer, PDG de Tele2. Nous voulons être présents sur ce marché en Europe d’ici à un an, sauf en France où cela n’est pas possible jusqu’à présent “.L’opérateur alternatif scandinave (2,5 millions de clients revendiqués en France) évoque notamment l’attitude des opérateurs mobiles qui ont jusqu’ici fermé la porte à l’arrivée des MVNO en France. Confrontée à la même situation, Genie.fr, filiale de BT, avait préféré jeter l’éponge à la fin de l’été dernier.

51 000 sites de contenus pour l’i-mode

Cependant, la téléphonie mobile de la troisième génération est plus prometteuse sur le plan technique que le WAP. De plus, le fiasco du WAP pourrait pousser les opérateurs mobiles à collaborer en amont avec les fournisseurs de contenus, et donc ne pas reproduire la même erreur qu’avec le WAP.Les éditeurs de contenus souhaitent notamment que les opérateurs mobiles européens retiennent le modèle d’entreprise défini par NTT DoCoMo au moment du lancement commercial de l’Internet mobile au Japon en 1997.L’opérateur historique nippon avait alors laissé le champ libre aux éditeurs de contenus, lesquels opèrent à ce jour plus de 51 000 sites de contenus. Cette prolifération de sites est attribuée au système de partage des revenus, qui permet aux éditeurs de capter 91 % des recettes générées au moment de la consultation d’un site, alors que NTT DoCoMo se contente de conserver 9 % des revenus.De son côté, NTT DoCoMo s’est engagé depuis 1997 dans la commercialisation de terminaux mobiles de plus en plus futuristes. En mars 2001, la société japonaise lançait le Foma (Freedom of Mobile Multimedia Access), un terminal qui offre notamment des fonctionnalités de troisième génération (par exemple de la visioconférence).Au 30 septembre, l’opérateur mobile comptait 36 millions d’abonnés dont 21,7 millions à son service i-mode. Mieux encore, NTT DoCoMo avait réussi à améliorer sa part de marché qui est passée de 57,4 % au troisième trimestre 2000 à 59,1 % au troisième trimestre 2001.

Telia sur les traces de NTT DoCoMo

En Europe, le suédois Telia est prêt à emboîter le pas à NTT DoCoMo. L’opérateur mobile offre 90 services différents sur son portail d’Internet mobile fonctionnant sous la norme GPRS. Cependant, il a décidé jeudi dernier d’ouvrir l’accès des terminaux de ses 3 millions de clients aux fournisseurs de contenus indépendants.Si ces derniers suivent, ils se verront conserver 80 % des recettes générées par ce surplus de trafic, alors que Telia n’en conservera que 20 %. Nul doute que les deux géants européens des services mobiles Vodafone et Orange étudieront de près les résultats dans un pays considéré comme précurseur en matière d’Internet et téléphonie mobile.

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Gérald Bouchez