En 2000, la Commission européenne pensait, en lançant son plan ” e-Europe 2002″, pouvoir mettre rapidement l’Europe en ligne. Aujourd’hui, elle déchante. Certes, Internet fait son chemin sur le Vieux Continent, mais plus lentement au Sud (Grèce, Espagne, Portugal, et à moindre échelle France et Italie, sont à la traîne) qu’au Nord. Et pas assez vite pour que l’on puisse à court terme rivaliser avec les États-Unis.” Plusieurs éléments donnent à penser que la pénétration d’Internet dans l’Union risque de stagner en dessous du niveau américain “, souligne le rapport présenté début février à Bruxelles par Erkki Liikanen, commissaire européen chargé des entreprises et de la société de l’information.Si la place du réseau dans les foyers a bondi de 18 à 36 % entre 2000 et 2001, elle tend maintenant à se stabiliser autour de 38 %. L’utilisation du Net est toutefois plus répandue que ne le laissent penser ces chiffres : fin 2001, 50 % des Européens de plus de 15 ans utilisaient régulièrement le Net.En valeur absolue, il y a autant d’utilisateurs en Europe qu’outre-Atlantique. Certains pays (Pays-Bas, Suède, Danemark), avec un taux de connexion des ménages de 60 %, font même mieux.Mais les disparités entre pays sont fortes. Loin du peloton de tête, l’Italie, la France, le Portugal, l’Espagne, et dans une moindre mesure la Belgique, restent en deçà de la moyenne. La Grèce, avec 10 % de foyers connectés, joue même les lanternes rouges.Aussi la Commission demande-t-elle ” plus d’efforts “ aux États pour créer un environnement propice au développement du réseau, qui souffre de plusieurs handicaps, dont le faible déploiement du haut débit, mis en ?”uvre très progressivement et très inégalement au sein de l’Union.
Un objectif fixé pour 2010
L’Allemagne dispose de 2 millions d’abonnés à l’ADSL, le Royaume-Uni environ 250 000. Quant à la Grèce, elle ne dispose d’aucun service à large bande. Du côté des entreprises, le bilan est nuancé. Un bon point : la toile a ses entrées dans 90 % des entreprises de plus de 10 salariés. Et quelque 60 % disposent d’un site.De plus en plus de salariés (50 % environ) utilisent d’ailleurs un ordinateur. Mais seul un tiers a reçu une formation adéquate. Autre déception : la greffe de l’e-commerce a du mal à prendre.Le pourcentage d’utilisateurs ayant effectué un achat en ligne est passé de 31 à 36 % seulement entre fin 2000 et fin 2001. Les frais d’expédition élevés et la crainte des consommateurs de ne pas avoir gain de cause en cas de litige jouent en la défaveur du commerce en ligne.Mais l’engouement n’est guère plus grand parmi les patrons. Seule une société européenne sur cinq (surtout des grandes entreprises) achète ou vend sur Internet. Une pratique beaucoup plus développée au Nord, où plus de 30 % des sociétés achètent leurs fournitures en ligne, avec des taux allant jusqu’à plus de 40 % au Danemark et en Finlande. La France (10 %) et le Portugal (5 %) sont au bas de l’échelle.Il y a toutefois moins d’entreprises qui vendent que de sociétés qui s’approvisionnent en ligne. Sans doute pour des questions de coût : il suffit d’une carte de crédit et d’une connexion pour acheter. Pour vendre, il faut créer un site, assurer sa sécurisation et la logistique.Dans tous les cas, le constat est le même : dans les pays où la pénétration d’Internet est forte et où les coûts de connexion sont faibles, les entreprises se tournent plus volontiers vers l’e-commerce.Au total, cet état des lieux renvoie une ” image mitigée” de l’avancée du Net en Europe, reconnaît la Commission. Elle a décidé de prolonger au-delà de 2002 son plan ” e-Europe” pour parvenir à un Internet moins cher, plus rapide et plus sûr et stimuler son utilisation. Avec en ligne de mire, l’objectif de faire de l’économie européenne ” la plus compétitive du monde à l’horizon 2010″.
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