Voilà, les lampions sont éteints. Les nouvelles de cessation d’activité de start up internet se poursuivent ; celles qui semblaient émerger du lot, il y a peu, ont dû réduire la voilure, signant l’abandon de leurs ambitions, et, par là même, leur mort lente… Certains ne se sont-ils pas réjouis de ces revers de fortune et n’ont-ils pas qualifié la génération internet de génération bercée d’illusion et frustrée à jamais ! Au risque de les décevoir, la génération internet se porte très bien. Certes elle ne s’est pas enrichie en quelques mois et elle ne prend pas sa retraite prématurément sous les cocotiers ! Mais elle a réussi quelque chose de plus grand : elle a lancé une dynamique, qui la dépasse largement et qui lui bénéficie en retour. Force est de constater qu’elle a réussi à recréer, dans notre société, un esprit qui avait disparu après la période des Trente Glorieuses : l’esprit d’entreprise. La quête de l’innovation et des nouveaux business model, démarrée dans la confusion et la précipitation, a dépassé le champ des start-up et gagné les grandes entreprises. Internet a ouvert la boîte de Pandore de l’innovation. Nous en rêvions ; c’est enfin arrivé.De nombreux observateurs de l’économie reconnaissent un fabuleux gisement de gains de productivité lié aux nouvelles technologies de l’information, largement inexploité du fait d’inerties organisationnelles et humaines. Et cet écart entre potentiel de gains et exploitation de ces gains par la société ne cesse de croître. Par exemple, dans la téléphonie mobile, n’en est-on pas à préparer l’arrivée du GPRS puis de l’UMTS, alors que les équipes marketing des entreprises n’ont pas encore exploité tout le potentiel qu’offrent à eux les nouveaux outils de communication que sont l’e-mail et le SMS ? Certaines entreprises n’ont-elles pas déjà transformé leurs modes de travail et de partage des connaissances, alors que d’autres se posent seulement aujourd’hui la question du knowledge management (gestion de la connaissance, ndlr) ? La vraie ” fracture ” concurrentielle est bien là : les entreprises gagnantes seront celles qui exploiteront plus vite que leurs concurrents ces gisements de productivité et d’innovation.Si internet a officiellement lancé cette course à l’imagination, le gisement d’innovation va au-delà de la pure exploitation des nouvelles technologies. Il est flagrant de voir combien de fois internet, point de départ de réflexions stratégiques (“développer un portail internet “), n’est devenu en bout de course qu’un prétexte pour une réflexion qui l’a dépassé largement (“lancer de nouveaux services hors internet, le site web étant un canal client parmi d’autres “). Au point que la nouvelle activité aurait très bien pu être conçue sans internet. Reconnaissons donc à ce média son effet Coupe du monde !
Une nouvelle génération de managers
Mais, finalement, en quoi cette évolution déclenchée par la génération internet va-t-elle lui bénéficier en retour, puisque nombre de start-up ont perdu la bataille face aux grandes entreprises ? Parce que les grandes entreprises ont besoin de créer ou de réduire la ” fracture ” concurrentielle, et que les créateurs et cadres de ces start-up ont développé des compétences très adaptées pour ce faire. Ils combinent souvent connaissance des pratiques des grandes entreprises ?”ils en sont souvent issus?” et expérience d’entrepreneurs, qui les a libérés de carcans, et dynamisés. Finalement, comme le service national de coopération a créé une population de jeunes diplômés aux profils internationaux, la vague internet a créé une population de cadres d’entreprises plus entrepreneurs et innovants. Nouveaux gains de productivité, déclenchement de réflexions innovantes, capacités de management et dadaptation renforcées : voilà le nouveau champ de bataille des entreprises. Internet mérite-t-il une si mauvaise presse ?
*Partner de Diamond Cluster International
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