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Internet favorise la mutualisation des ressources

En partageant les ressources ou en se regroupant en coopératives provisoires, les entreprises diminuent leurs coûts structurels

La banalisation d’Internet dans les échanges adapte ou donne naissance à de nouveaux modèles, que ce soit pour la distribution de produits, les échanges scientifiques ou autres. Dernier modèle en date : la mutualisation. L’idée de se regrouper pour partager les risques ou agréger des savoirs n’est pas nouvelle. Mais Internet facilite cette organisation. En rapprochant les entreprises et en fédérant leurs clients, le réseau permet de nouvelles interactions, dont tout le monde profite. Ainsi, une entreprise de taille moyenne bénéficiera de services jadis réservés aux grandes structures, tels que la veille technologique, la mise à jour des serveurs en temps réel, etc. Ou, dans un autre domaine, l’agrégation d’une demande sur un produit fédérera une communauté d’internautes géographiquement disséminée.
La récente multiplication des sites d’achats groupés en est une illustration parfaite. En plein développement aux États-Unis, cette forme de coopération est menée par quelques sites majeurs, tels que Mercata. com (29,9 millions d’euros de budget publicitaire pour 2000), ou Accompany. com (près de 4 millions d’euros levés lors du premier tour de table). La règle du jeu est simple : les internautes se voient proposer des produits, souvent en provenance directe du fabricant. Seuls sont fixés un prix plancher et une date limite pour la prise des commandes. Plus les internautes sont nombreux à acheter l’un des produits, plus le prix baisse. Le principe est séduisant et seul Internet peut le rendre viable. Depuis quelques mois, la tendance se développe en France. “Ce modèle convient très bien à Internet, se félicite Alexandre Garnier, cofondateur du site d’achats groupés Akabi. com. Il permet aux consommateurs qui sont intéressés au même moment par un même produit de s’unir vite et de profiter d’un prix de groupe.”L’entreprise y trouve aussi son compte : “Pour une PME, vendre ses produits sur un site d’achats groupés élimine les frais incompressibles d’un circuit de distribution traditionnel “, argumente Xavier Rey-Robert, cofondateur de Lideal. com, autre site d’achats groupés.

Une ma”trise totale des prix


Mais on peut aller plus loin : ce principe permet aussi à une entreprise de lancer une présérie, tout en connaissant à l’avance le nombre de pièces et le prix souhaité par les consommateurs. Un avantage que reconna”t aisément Francis Lelong, cofondateur du site BlackOrange. com, grossiste en logiciels : “La connaissance en amont des commandes donne une ma”trise totale des prix. Pour nous, il s’agit d’une opportunité nouvelle de vendre en volume, même s’il faut reconna”tre qu’en France, cela reste limité.” L’intérêt de la mutualisation ne concerne pas que les seuls achats groupés. Sur ce principe, les entreprises de taille modeste bénéficient chacune de services mutualisés, hors de leur portée si chacune devait investir dans les ressources nécessaires. L’hébergement de machines ou l’administration de serveurs ou de coupe-feu à distance en est l’un des meilleurs exemples. “Nous n’avions pas les moyens techniques de gérer un serveur supplémentaire et d’assurer la sécurité, explique Éric Triquet, chef de projet Internet à Pathé Archives. Un administrateur système supplémentaire revient à environ 360 000 F par an, alors que la gestion déléguée d’un serveur et sa sécurité nous coûtent 24 000 F par an.” Sans le partage de services, en l’occurrence une équipe d’ingénieurs veillant sur les ressources de plusieurs sociétés, cette économie serait impensable. “Que l’on fasse une mise à jour pour un client ou pour cent, c’est autant de travail pour nous. Internet permet d’en faire profiter tous nos clients instantanément, pour un coût unique “, conclut Philippe Moity, directeur général de DNS Telecom, une société qui gère les serveurs de nombreuses PME.L’abolition des distances et des intermédiaires est un facteur d’économie pour une entreprise. Mais, ces pratiques sont encore marginales, et personne, pour le moment, ne peut générer beaucoup de profit en se contentant de commercer sur des sites d’achats groupés, ou en ne faisant que de la mutualisation de services destinée aux PME. Pourtant, les investissements importants réalisés montrent que certains y croient.

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ÉRÔME SAIZ