Tous les ans, SOS-Homophobie publie un panorama peu glorieux des injures et de la discrimination envers les homosexuels en France. Pas d’analyses statistiques, mais un constat établi à partir des témoignages adressés à l’association chaque année. Et de plus en plus, Internet s’illustre. Entretien avec Julien Lemonnier, l’un des coordinateurs du rapport 2009.
01net. : Comment observez-vous l’homophobie sur le Net ?
Julien Lemonnier : Nous analysons les témoignages qui nous arrivent par notre service téléphonique d’écoute, soit entre 1200 et 1300 [1246 en 2008, NDLR]. Et en quatre ans, la part de l’homophobie sur Internet est passée de 6 à 16 %. Mais nous ne prétendons pas recenser tous les cas d’homophobie sur le Net.
Comment cela se manifeste-t-il ?
Par des insultes explicites, des appels à la haine. Dans le précédent rapport, nous avions relevé des attaques comme « les pédé faut les brûler », « faut les gazer », « on devrait vous passer à la chaise électrique ». Internet est devenu un défouloir.
Pour 30 %, les attaques homophobes ont lieu sur des forums et des sites grand public, pour 18 % sur des blogs et des réseaux sociaux. Pour les vidéos, c’est surtout dans les commentaires associés que se manifeste le plus l’homophobie. Et on a vu apparaître sur Facebook des groupes qui s’annoncent explicitement homophobes.
Quels sont vos recours dans ces cas de figure ?
La loi punit les appels à la haine et à la violence basés sur l’orientation sexuelle [loi du 30 décembre 2004 qui condamne les propos à caractère sexiste et homophobe, au même titre que les propos racistes et xénophobes, NDLR]. Mais la responsabilité des sites est celle qui s’applique aux hébergeurs [en vertu de la loi pour la confiance dans l’économie numérique, NDLR] : ils sont censés supprimer les propos homophobes lorsqu’ils leur sont signalés. De manière générale, nous contactons donc les sites pour faire supprimer de tels propos.
Leur réaction est variable. Parfois ils suppriment, parfois ils invoquent la liberté d’expression et ne font rien. On tombe aussi sur des attitudes contradictoires. Ebay a censuré la vente par un internaute de films gay non-pornographiques. Mais il n’a pas interdit la vente par un autre d’une écharpe de supporter de foot portant la mention « Anti-PSG PD SADO GAY ».
Avez-vous déjà engagé des poursuites judiciaires pour des propos homophobes tenus en ligne ?
Nous avons fait un procès au responsable d’un site de supporters. Il y vendait des vêtements où était marqué « PDSG » au recto, avec le logo du PSG détourné, et « Anal + » au verso, en référence au sponsor du PSG, Canal Plus. On a gagné le procès et le responsable du site a eu une amende.
Que va devenir votre rapport ?
Il va être transmis, pour témoigner que l’homophobie est bien vivace en France. Il sera envoyé à tous les médias et aux responsables politiques : à tout le gouvernement et à tous les députés d’ici un mois.
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