En décembre 2000, l’adoption du tout-IP pour la moitié du réseau mondial de Cable & Wireless (C & W) était annoncée. Dans trois ans, tout son trafic téléphonique traditionnel sera basculé vers son réseau IP. Aucun opérateur ne semble échapper à l’attraction d’IP. Selon un récent rapport du Yankee Group (lire encadré), le mouvement vers l’établissement d’un réseau tout-IP est inéluctable pour tous les opérateurs, qu’ils soient historiquement établis, nouveaux entrants, opérateurs mobiles ou câblo-opérateurs. Le protocole roi de l’Internet s’impose déjà dans les tuyaux des télécoms. Le trafic de données, sous l’impulsion de l’explosion des flux Internet, a dépassé le trafic voix sur les réseaux des opérateurs européens. Les opérateurs déjà établis ont connu une croissance de leur trafic Internet d’environ 350 % pour l’année 2000, alors que les nouveaux opérateurs ont enregistré une croissance de 425 %. Mais “le timing [du basculement, Ndlr] dépend du coût relatif des approches existantes comparées à celle d’IP, et de la fiabilité du protocole IP comme base des réseaux voix”, souligne l’étude.
Cette réorientation très coûteuse – Cable & Wireless dépensera la bagatelle de 3,67 milliards d’euros pour son projet – est dictée par la demande des consommateurs et la pression de la concurrence. En effet, le réseau tout-IP est le candidat idéal pour satisfaire les clients avec des services de convergence voix-données et retrouver les marges des services traditionnels tirées fortement vers le bas, concurrence oblige.
Certains opérateurs sont freinés par le manque de maturité d’IP
Selon Chris Lewis, directeur de recherche au Yankee Group Europe, “les réseaux IP sont ouverts, flexibles, adaptables, robustes et standardisés. Ils sont la seule base réaliste pour l’innovation continuelle et le développement d’applications à valeur ajoutée”. Le réseau privé virtuel est une des applications phares du tout-IP. Si pour le moment les RPV sont sur ATM ou Frame Relay, les opérateurs estiment qu’ils seront tout-IP d’ici un à deux ans. Sameer Padhye, vice-président technologies et solutions chez Cisco, évoque un autre moyen de retrouver les marges perdues : “Une source importante de revenus est liée à la fourniture des contenus Internet.” Et le dilemme des opérateurs est de se faire une place sur ce marché. Une option choisie par l’opérateur japonais NTT avec le rachat de Vério, qui héberge 400 000 sites aux États-Unis. D’où, aussi, les investissements énormes réalisés dans la construction à tout va de Datacenter pour offrir des services d’hébergement de sites web ou de colocation. “Le problème majeur restant est de faire la transition rapidement, et en toute sécurité”, tempère toutefois l’analyste du Yankee Group.
Une transition délicate pour des opérateurs qui se doivent d’assurer une qualité de service irréprochable. Ainsi France Télécom essuie-t-il les plâtres, avec la construction de son réseau national IP 2000 amorcée depuis juin 1998. “Nous avons rencontré des soucis. IP n’est pas aussi stable que d’autres protocoles télécoms. L’interopérabilité entre les équipements des fournisseurs reste une source de problèmes”, reconna”t Jean-Yves Gouiffès, directeur exécutif de la branche Réseaux de France Télécom. Le mouvement s’amorce donc lentement pour les opérateurs qui ont une importante activité de téléphonie, peu enclins qu’ils sont à prendre le risque de basculer leur trafic voix sur IP du fait du manque de maturité de la technologie. “Les opérateurs garderont un réseau séparé aussi longtemps que nécessaire pour la voix, mais basculeront dans le même temps le trafic IP du réseau commuté vers un nouveau réseau aussi rapidement que possible”, conclut l’étude.
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