Ouvert en janvier 1998, le site internet de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) enregistre maintenant trente-cinq mille connexions par jour. C’est bien plus que les trois mille cadres qui, auparavant, fréquentaient au quotidien l’ensemble des centres de l’agence. En parallèle, l’association est aussi passée, en deux ans, de cent mille cadres et jeunes diplômés inscrits à deux cent mille utilisateurs (le web ayant fait disparaître la notion d'” inscrits “). Si l’arrivée d’internet découle d’un projet global d’évolution du système informatique initié en 1996, elle a complètement transformé le métier de l’Apec.Car, en publiant les offres d’emploi en ligne – en mode envoi ou ” push ” – et en laissant les cadres saisir eux-mêmes demandes et profils, l’association a tout simplement retiré à ses consultants leur tâche principale. Même chose avec la fonctionnalité de bureau virtuel : ce service laisse aux cadres à la recherche d’emploi le soin de gérer eux-mêmes leurs candidatures. Dernière subtilité : à ceux qui envoient encore des CV papier, un compte personnel indique où en est le traitement. Du coup, sur le strict point de vue de la recherche, l’Apec s’avance vers un affichage des offres en temps réel.Conséquence inévitable : les exigences des cadres envers les consultants changent. “En fait, les consultants sont passés du métier de preneurs d’offres à la relation client, résume Jean-Pierre Fine, secrétaire général de l’Apec. Il ne s’agit plus de vendre un service, mais une satisfaction.” L’association s’est donc orientée vers le conseil. Elle cherche à anticiper les besoins des clients, jusqu’à détacher une dizaine de consultants au sein même des entreprises pour les aider dans leurs recrutements.Sur un plan plus stratégique, tous ces changements doivent également permettre à l’Apec de continuer à se différencier des autres sites web de recrutement. En effet, internet a brisé le monopole de fait détenu par l’agence sur le marché de l’emploi des cadres. “Avec internet, ce marché est devenu solvable, reconna”t Jean-Pierre Fine, et a permis l’irruption d’acteurs qui y ont soudain eu accès.” A cette différence que ces sites de recrutement n’existent que par le web, que leurs services ne débordent pas de la Toile. L’Apec, elle, a dû repenser un métier et une expertise qui existaient déjà.
Des services producteurs d’informations pour le site
es différents services se sont mués en autant de producteurs d’information pour le site. Les consultants publient les offres envoyées en fichier joint par les entreprises. Le département études et développement publie les informations ” marchés ” (panels de l’Apec, chiffres, fiches métier). L’équipe de l’hebdomadaire papier Courrier Cadres met le magazine en ligne. Et, donc, “il y a un chef de projet dans chaque service. Le tout coordonné par un webmaster. Mais l’idée de base consiste à responsabiliser à la source et à laisser le moins de temps possible entre la réception de l’information et la mise en ligne.” L’Apec a en effet supprimé l’étape validation. Et, dès ce mois de janvier, les consultants devraient être équipés d’outils de relation client.Pour l’heure, ils disposent déjà d’un intranet, Intrapec – une bo”te à outils utilisée en amont de la démarche de conseil, regroupant les argumentaires, les bonnes pratiques, des modèles de lettres, et des données de référence. “Tout le métier de l’Apec est consigné sur l’intranet”, annonce Jean-Pierre Fine. Une manière d’accompagner une véritable reconversion. Mais aussi de continuer à différencier l’agence nationale des sites privés sur l’emploi qui, eux, n’existent que par le web. Dans ce contexte, l’ensemble du personnel a suivi un vaste plan de formation, étalé sur deux ans, sur l’utilisation du web et de la bureautique. Lequel se termine en ce moment, centré sur le métier du consultant.
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