Souverain à la culture plutôt superficielle, Louis XIII n’est pas spontanément associé à l’épanouissement des arts, ni au faste décoratif. Et pourtant ! De même que le prétendu timide héritier d’Henri IV pose les fondations d’un absolutisme royal magnifié par son Roi Soleil de fils, son règne prépare l’opulence ornementale qui s’épanouira sous Louis XIV.Sur le plan des arts décoratifs, 1610 à 1660 est un “temps d’exubérance “, rappellent les conservateurs du Grand Palais, qui proposent une exposition éponyme, première rétrospective du genre en France. 350 chefs-d’?”uvre d’orfèvrerie, d’ébénisterie ou encore de verrerie, sont exposés, témoignant du foisonnement de genres et de styles de l’époque ?” maniérisme, pré-classicisme, naturalisme, etc. Plus que Louis XIII, c’est Marie de Médicis ?” qui assure la régence du royaume pendant la minorité de Louis XIII ?”, Anne d’Autriche ?” sa femme, régente sous la minorité de Louis XIV ?”, mais aussi le surintendant Fouquet et les cardinaux Richelieu et Mazarin, qui veillent à la fécondité artistique de la Nation.Rayonnement international oblige, les mécènes royaux intriguent pour faire venir d’Italie ou des Flandres ?” temples du savoir-faire en verrerie et faïence (pour la première) et en tapisserie et menuiserie (pour les secondes) ?” les meilleurs artistes, sommés de réinventer leur art, de fonder un “goût français “. Nevers devient alors l’un des centres de fabrication de verres “à la façon de Venise” (voir Le Verre à jambes, sur l’excellent site dédié à l’exposition :
www.rmn.fr/artsdecoslouisXIII
, cliquez sur “Sélection d’?”uvres”), et de faïences (l’inspiration italienne est revisitée avec l’introduction des fonds bleus), et les Manufactures des Faubourg Saint-Marcel et Saint-Germain, d’importants ateliers de réalisation de tapisseries (découvrir L’Histoire d’Artemise dans l’exposition virtuelle). Les menuisiers d’Allemagne et des Pays-Bas, spécialistes du plaquage en ébène (d’où le mot “ébéniste”) forment quant à eux des artisans hexagonaux qui créeront un “cabinet” à la française, caractérisé par une corniche saillante et un décor riche de gravures et de sculptures. Le souci d’éblouir primant sur toute autre prérogative artistique, l’ornementation (broderies, gravures, cadres, etc.) éclate sous Louis XIII, à l’image de ce Moïse sauvé des eaux, tapisserie d’après Simon Vouët, qui vaut autant par sa très large bordure ornée des armes de France et de Navarre, que par son sujet (à voir sur
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). Ces tapisseries et autres pièces d’art décoraient plus particulièrement les galeries des appartements aristocratiques. La deuxième partie de l’exposition du Grand Palais cherche à donner à voir l’architecture intérieure de ces demeures : l’antichambre (nouvelle pièce des appartements huppés) se pare de tentures de cuir, la chambre de soieries, les cabinets de boiseries peintes, l’oratoire de vitraux, etc. (plus de détails sur
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, section “Sur les arts décoratifs”). Un univers cossu, mais moins exubérant que celui attendu à la sortie de la première salle de l’exposition, vaste capharnaüm de pièces d’exception, à commencer par le coffre d’Anne d’Autriche, en or repoussé, ciselé et filigrané, digne du Roi Soleil…“Un temps d’exubérance, les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d’Autriche “, au Grand Palais jusqu’au 8 juillet, 01 44 13 17 17.
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