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Intel s’apprêterait à prendre des parts dans ARM avant son introduction en bourse

Selon Reuters, Intel se préparerait à devenir un « investisseur de référence » de la société britannique ARM. En effet, la firme américaine pourrait acquérir des parts d’ARM avant même son introduction sur le marché boursier. De quoi donner de l’ancrage (et de la valeur) à l’action d’ARM. Et donner des leviers à Intel pour sa stratégie d’ouverture de ses usines.

Intel pourrait-il avoir du poids dans le futur d’ARM ? C’est ce que croit savoir le fil d’information économique Reuters, qui dévoile aujourd’hui que le géant des processeurs pourrait devenir un investisseur de référence (anchor investor) de son « concurrent ». Après l’échec de son rachat par Nvidia entre 2020 et 2021, ARM avait signifié sa volonté d’une introduction en bourse comme plan B. Depuis son rachat par SoftBank en 2016 pour 32 milliards de dollars, ARM a pris beaucoup de valeur en devenant l’architecture « totale », allant des montres connectées aux smartphones, des microcontrôleurs jusqu’aux centres de données. Or, le fonds d’investissement japonais a besoin d’argent frais et cherche à faire la culbute : ARM était déjà valorisé 40 milliards lors de la période du rachat par Nvidia.

Lire aussi : ARM et Intel s’allient pour produire des puces en dessous de 2 nm (avril 2023)

Alors que l’introduction en bourse d’ARM est prévue pour la fin de l’année, l’information de Reuters est à prendre avec des pincettes. S’il y a de fortes chances que les prospections d’Intel soient avérées, rien ne garantit pour l’heure que les démarches aboutissent. Même si nous n’avons pas (et n’auront vraisemblablement jamais) tous les détails de l’opération, ce genre de deal étant soumis au secret des affaires, elle a cependant bien du sens pour les deux acteurs.

Raisons financières et industrielles

Si ARM ne fabrique pas de processeurs, l’entreprise développe cependant une partie des process liés à l’industrialisation de ses plans de puces.

Si un tel achat de parts d’ARM par Intel a lieu, cela sera pour deux raisons. Côté ARM, après l’échec du rachat par Nvidia, la prise de participation par un géant comme Intel permettra d’ancrer plus fortement la valeur des actions de l’entreprise. Car avec un tel « saint patron », pourtant à l’origine « adversaire » du jeu d’instruction, les investisseurs sont sûrs que l’ISA a de l’avenir. Et avec la montée en puissance de RISC-V, ARM a intérêt de consolider son image.

Côté Intel, point « d’abandon » du x86 au profit d’ARM évidemment. D’une part, Intel développe et déploie déjà des cœurs ARM dans nombre de produits (FPGA, puces réseau, etc.). Mais surtout, il est en train de faire évoluer son cœur de métier. De concepteur omnipotent de processeurs (on parle d’un IDM qui développe et produit tout de A à Z), Intel ouvre ses usines pour de devenir, comme TSMC et Samsung, un « fondeur ». C’est-à-dire un fabricant de puces pour des tiers. Cette stratégie IDM 2.0 est en route depuis la prise de fonction du nouveau PDG d’Intel Pat Gelsinger en janvier 2021 dernier. Et plusieurs entreprises (Qualcomm, Apple, Nvidia, etc.) sont en ce moment-même en train de tester des designs sur des lignes de production expérimentales.

À lire aussi : Visitez avec nous l’usine d’Intel qui a (peut-être) produit votre processeur d’ordinateur (décembre 2022)

Avoir des parts dans ARM consoliderait le poids d’Intel dans cet écosystème. En siégeant au conseil d’administration, il aurait plus facilement accès à l’évolution de l’ISA (au niveau fabrication, pas nécessairement du point de vue développement) et sans doute accès à des informations (et plans) plus sensibles qu’un simple partenaire. Contacté par nos soins, Intel France n’avait « aucun commentaire à faire ». Ce qui n’est guère une surprise, étant donné qu’aucune annonce officielle n’a encore eu lieu. Mais si cela arrive un jour, nul doute que toute l’industrie regardera scrupuleusement le pouvoir qu’Intel pourrait avoir dans ARM. Blessé et devancé par Nvidia en bourse, « ChipZilla » comme Intel fut surnommé par le passé, n’a pas dit son dernier mot.

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Source : Reuters


Adrian BRANCO